Impression sur la course d’Angoulême des 16-17-18 septembre 2011 :

C’est déjà un grand privilège de participer à une course mythique comme peuvent l’être
des événements aussi symboliques que Le Mans Classic, Pau en ville ou Monaco historique, à la différence près que les autos acceptées n’ont pas besoin de posséder un pédigrée aussi prestigieux.

Plaisir de participer, surtout que 15 jours avant je n’étais pas inscrit !
En lisant Échappement Classic de septembre, je découvre le programme du meeting et un plateau « Proto Français » est à l’affiche. J’appelle aussitôt l’organisateur pour savoir si je peux participer avec mon proto, et si il y a encore une place disponible.

La réponse étant positive, me voilà au pied des remparts dès le vendredi soir.

N’ayant jamais participé à cette épreuve et ayant entendu beaucoup de commentaires sur cette course en ville, c’est donc avec une appréhension que je vais poser mes roues sur la chaussée
de la montée des remparts.

Je suis surpris qu’il n’y ait pas d’essais libres ! Donc on attaque par les chronos …
Pour comprendre le circuit je commence par faire un tour à pieds.
Pas terrible comme impression, les bords de trottoirs sont fortement inclinés, une belle plaque d’égout sur la trajectoire du 2e droite, des passages piétons peints à l’entrée et à la sortie de chaque épingle, des feuilles mortes sur les bords de piste, ça fait beaucoup de pièges, il va falloir être vigilant !La voiture va t-elle tourner aux épingles ? Comment ça va glisser ?

Un tour pour découvrir, un tour pour apprendre, un tour de sécurité, les pneus sont à température, je peux y aller, étonnamment le circuit me paraît moins dangereux que je le craignais, moins dangereux que Charade ou que certaines parties de Nogaro.
Je commence à me mettre dans le rythme, mais la voiture commence à chauffer, puis vraiment à chauffer. Je lève un peu le pied en fin des chronos. 4e place au chrono, je suis surpris…dans le bon sens.
Le paddock, au passage superbe est vraiment dans l’esprit des courses des années correspondantes à nos autos, en plus nous sommes juste en face du sponsor de l’épreuve, avec buvette –sans alcool- à volonté pour notre plateau et nos invités.

Vérification de la voiture avec mon ami et mécano qui m’aide sur tous les circuits « Paulo le mécano ».
Bilan : un joint torique de sortie d’eau du bloc est sorti de son logement et s’est déformé. Impossible de le remettre en place et bien entendu, ce joint à 2€…je ne l’ai pas !
Donc bidouille avec du ruban thermoformable de plomberie, qui m’a déjà sauvé la mise sur des durites capricieuses, fabrication d’un joint torique « plat », ce qui est une gageure et remplissage d’eau. Notre sponsor préféré en face de nous, fournit de l’eau en bouteille-donc ma voiture a tourné à l’eau de source !!!- pour la course.
A froid ça ne fuit plus, mais dès que le moteur tourne, avec la pression ça fuit un peu, dès que la température est atteinte, ça fuit beaucoup.
Bon, tant pis je ne ferai pas la course !

Après discussion avec d’autres concurrents qui viennent me voir en me demandant, alors tu vas rouler ? Ça va tenir ? Je pose la question à Paoli (pour ne pas le nommer et le remercier au passage), « si je roule sans pression dans le circuit de refroidissement, le bouchon ouvert ça peut tenir ? »

Il me dit « que ça peut le faire ». Je dois dire au passage que cette solidarité des concurrents « en Historique du moins » fonctionne vraiment bien et c’est ce qui fait partie du plaisir de courir en VH.

On va donc tenter le coup et dans mon esprit, je n’allais que prendre le départ, ce sera mon souvenir de ma première participation.

En pré-grille, le bocal d’eau (sortant du capot derrière le baquet pilote) déborde déjà abondamment et des vapeurs sont très visibles.
Un commissaire technique vient me voir et me dit qu’il ne peut pas « me laisser partir comme ça ».
Je le rassure en lui disant que ce n’est que « de l’eau de source » dans le circuit et donc que les autres concurrents ne risquent pas de partir en glissade sur du liquide de refroidissement. Que -s’il vous plait je voudrais prendre au moins le départ-, et que je m’arrêterai dès que la situation sera critique, car je n’ai pas envie de me « faire un moteur ».

Sportivement le commissaire et un organisateur me donnent un coup de main à force de scotch et d’un bidon plastique découpé, pour faire un « capot » au bocal afin que l’eau et les vapeurs à la hauteur de ma nuque ne me brulent pas.

Juste le temps de sauter dans le baquet et le départ est donné.

Le départ se passe bien et je colle au trio de tête, et petit à petit on fait un petit trou par rapport au reste de la troupe.
Le premier et le deuxième ont visiblement des problèmes, car ils s’arrêtent assez rapidement sur le bord de la piste…Si la mécanique tient, j’ai une chance de faire un podium…mais la température est déjà à la limite, et on a fait 4 ou 5 tours !
Le troisième se sort, et là je suis en tête !
Plus du tout envie de m’arrêter. Il va falloir gérer le moteur.
Ensuite petits tassements et touchettes des autres et Pace Car, pas terrible, mais au moins le moteur va se reposer un peu, je reprends ma place derrière le pace Car, deux tours au repos et ça repart. Jusque-là il faisait beau, mais un peu de pluie se mêle au débat, puis vraiment de la pluie….Pas terrible en slick ; ça glisse beaucoup, vraiment beaucoup, quelques équerres à la ré-accélération, sympa pour les spectateurs peut-être, mais pas du tout pour moi.

La T° d’eau grimpe à 110°, mais la T° huile est correcte, je lève le pied, je n’ai pas le choix (à cause de mes pneus), le deuxième me passe.
Pensant sans doute que je me suis “loupé“ il essaie de mettre de la distance entre nous deux, et il se paie un beau tête à queue et je repasse en tête ! Je pense qu’il reste deux à trois tours, j’essaie de faire au mieux et pilote sur des œufs.

Enfin le drapeau à damiers et vraiment un grand moment de satisfaction et de joie !!

Je ne pensais pas participer, puis je ne pensais pas finir, je n’envisageais pas un podium et je sors vainqueur !
On ne peut rêver mieux !

Il est sur que les autres concurrents, vainqueurs potentiels ont eu des problèmes, mais j’ai eu ma dose et en sport automobile le juge de paix c’est le drapeau à damiers.
Les commissaires viennent me voir, ils sont aussi contents que moi, mes sponsors « eau minérale » sont ravis d’avoir participé à ma victoire et nous ferons une belle photo dans le paddock !

Jean-Pierre Beltoise revient sur la prégrille et me dit « alors c’est vraiment toi qui as gagné ! » aussi, pour mon plus grand plaisir, il participe au tour d’honneur dans la voiture du président, une superbe DS cabrio jaune.

Pour terminer, je me suis vraiment amusé comme un gamin, j’ai profité du plaisir de courir devant un public nombreux et enthousiaste, ce qui est malheureusement assez rare, j’ai pu savourer la grande réussite de ce meeting, organisation parfaite, expo à tous les coins de rue, gentillesse des organisateurs.

J’ai remporté cette victoire inespérée qui restera un de mes grands souvenirs de pilote amateur, aussi je me sens donc obligé de revenir l’an prochain pour remettre mon titre en jeu et certainement le laisser à un autre concurrent qui pourra lui aussi profiter de ce moment exceptionnel d’accrocher cette coupe à son palmarès.

Merci à tous, organisateurs, commissaires et surtout spectateurs sans lesquels ce monument de la course automobile ne pourrait perdurer.

Note pour info :
Début en course historique en 1998
Au sein du Trophée Maxi 1000 avec une Triumph Spitfire Mk2 de 1967
Puis en 2005 Maxi 1000 en classe 1 (moins de 1000cc) avec une GTM Heerey - base train et mécanique Mini - et vainqueur de la Classe en 2006
Toujours en 2005 participation au premier Trophée Proto 2l avec une SimKit en 1500cc
En 2009 vainqueur de la série Proto au sein du SaloonCar avec la Simkit
Depuis 2010 toujours au sein du SaloonCar Proto avec la LRP en 1600cc

Proto LRP :
Proto Coupe de l’Avenir en 1983-84-85 mécanique Alfa flat 1500cc (Alfasud TI)
Puis courses de cotes avec moteur Alfa, puis Honda
Actuellement mécanique Honda 1595cc double arbres, 16 soupapes
Boite Hewland FT 200.
Au passage si les concepteurs (et pilotes) de la LRP pouvaient me contacter
pour me donner des renseignements, réglages chassis par exemple ou existence du moule de carrosserie, je serais preneur.

Texte : Gilles Terronnes
Photos : www.photoclassicracing.com

Site des organisateurs : www.circuit-des-remparts.com