13e Tour de Corse Historique : Spécial Anniversaires !
Ils seront 256 équipages à s’élancer sur les routes du prochain Tour de Corse Historique (8-13 octobre). Et si l’on veut faire dans le détail, ils seront 162 équipages en VHC/Classic et 94 en VHRS. mais au delà de ces chiffres bruts, c’est la qualité du plateau et sa variété qui retient l’attention.
Rien que du beau monde...
Trente, quarante, cinquante, voilà des
nombres ronds qui sonnent bien et qu’il faut
retenir. Il s’agit de sacrés anniversaires que
le Tour de Corse Historique a choisi de
célébrer comme il se doit. Bien sûr il y a les
quarante ans du titre de Champion du
Monde des rallyes, premier de l’histoire de
cette discipline, de l’Alpine-Renault A 110.
Un titre obtenu ici même en Corse, dernière
épreuve de la saison à l’époque et après
une domination incontestable toute la
saison. L’Alpine-Renault A110, dans sa
configuration 1800, est au sommet de sa
forme et de sa fiabilité. Elle s’est même
imposée, cette saison là , dans des épreuves
où on l’attendait un peu au tournant, sans
mauvais jeu de mot. Sur le terrain très
difficile du Maroc, par exemple grâce Ã
Bernard Darniche ou encore dans les
impitoyables rallye TAP du Portugal et de
l’Acropole en Grèce avec Jean-Luc Thérier.
DES ALPINE-RENAULT CÉLÈBRES !
En dédiant cette édition de l’épreuve à cette
légendaire petite voiture bleue, le Tour de
Corse Historique crée l’évènement. Il n’y
aura pas moins de 35 Alpine au départ, en
compétition ou en régularité. Et parmi elles,
on compte quelques gloires authentiques,
au palmarès élogieux durant cette saison
1973. On pourra admirer l’A110 1800 de
Christian Chambord (photo), que
pilota Bernard Darniche (Monte Carlo),
Jean-Pierre Nicolas (Acropole) ou encore
Jean-Pierre Manzagol dans le Tour de
Corse. Ensuite, il y a celle de Xavier
Reynaud que pilota Therier (Monte Carlo
et Acropole) et Serpaggi (Tour de Corse)
ou encore celle de Gilles Gibier (Andersson
au Monte Carlo, Therier au Portugal). Et
puis il y a la voiture de Philippe Tollemer
(photo1), qui sort tout juste des
ateliers de restauration et qui n’est autre
que l’Alpine 1800 victorieuse dans le… Tour
de Corse 73 avec Jean-Pierre Nicolas.
Quarante ans plus tard, elle sera donc de
nouveau sur la ligne de départ ! On ne
peut clore ce chapitre « bleu-blanc-rouge »
sans évoquer l’authentique Alpine A310
1800 de Jean-Louis Deglise ou encore la
Renault 5 Turbo de Jean-François Godin. Il
s’agit de la toute première R5 Turbo
Groupe 4 assemblée pour Jean Ragnotti et
qui était en tête du Tour Auto et du Tour de
Corse 81 avant de renoncer.
La longue liste
des engagés laisse entrevoir quelques
autres merveilles qu’il conviendra
d’apprécier tout particulièrement. Quelques
Lancia Rally 037 dans leur dernière
Evolution 2, des Lancia Stratos HF Groupe
4 dont celle d’Erik Comas et tout
particulièrement la voiture de Philippe Vandromme qui, en 1979, s’imposa dans le Rallye
Sanremo avec Tony Fassina au volant, des Ferrari
308 GTB Groupe 4 ou Groupe B, deux splendides
Austin Healey des années 60, une sublime Aston
Martin DB5, une Abarth 1300 OT, des R5 Turbo
Maxi, des Talbot Sunbeam Lotus, des Ford Escort
RS, des Opel Ascona 400 dont celle, toute neuve,
d’Alain et Sylvie Oreille, authentique « Conrero » au
moteur à injection, une Jaguar Mk2, une AC Cobra
et…bien évidemment, une pléiade de Porsche,
914/6 et surtout 911 dans de multiples
configurations. Et notre liste de merveilles est loin
d’être exhaustive. Tout cela rien que pour vos yeux
et vos oreilles !
A110 VS 911, OU DAVID CONTRE GOLIATH !
En cette année 2013, Alpine ne fête pas seulement
les quarante ans de son titre de Champion du
Monde des rallyes. Il y a cinquante ans, en 1963
naissait justement cette géniale petite A110 avec à l’origine sa nouvelle mécanique de
R8.
On vient justement de parler de ses versions de
course auréolées de gloire et dont les mécaniques
1800 mijotées par Marc Mignotet dépassaient les
170 ch. Ce qui peut faire sourire, aujourd’hui… Or,
à sa naissance en 1963, l’Alpine A110 ne délivrait
que…55 ch. Et encore s’agissait-il de « généreux
canassons » SAE, norme de l’époque un peu trop
éloignée de la réalité. Mais la belle était vraiment
légère, maniable et cela suffisait à sa vraie sportivité.
Ce sera le succès qu’on lui connait et que l‘on fête
aujourd’hui. Pourtant, elle n’a pas vraiment eu la
vie facile cette petite Alpine, Ã se confronter en
permanence à sa rivale directe, la Porsche 911. En
course comme sur route d’ailleurs. Or, le hasard
faisant bien les choses, l’allemande souffle aussi sa
cinquantième bougie d’existence cette année !
L’Alpine est née officiellement au mois de février
1963 et la 911 au mois de septembre, lors du Salon
de Francfort, avec son tout nouveau moteur six
cylindres à plat et carter sec, avouant déjà 130 vrais
chevaux pour 2 litres de cylindrée contre 1000 cm3
seulement à la mécanique française. Il n’y a pas
photo, diront certains ; l’allemande disposant déjà de
plus du double de puissance que le nouveau moteur
Renault qui, à l’origine, n’était évidemment pas
imaginé pour une telle utilisation sportive. Son soucis
majeur était de propulser efficacement le dernier
modèle populaire de la Régie : la Renault 8. Cela
revenait au combat de David contre Goliath ! Mais
toutes deux vont connaître une carrière sportive
extraordinaire en multipliant les versions, toutes plus
puissantes et performantes les unes que les autres,
en accumulant de remarquables succès sur routes,
et sur piste en ce qui concerne la Porsche 911.
ALEN, L’HOMME DU GRAND NORD !
Restons dans les commémorations, si vous le voulez
bien. Bien qu’il soit bien loin de notre intention de
transformer cette modeste « newsletter » en
cérémonie d’anciens combattants… Non,
simplement la très longue histoire du Tour de Corse
est ponctuée de riches anecdotes et de clins d’oeil
qui méritent attention. Le profil de l’épreuve, la
particularité des routes empruntées, les difficultés
qu’elles pouvaient présenter, ont fini par procurer au
Tour de Corse une réputation bien affirmée. Cela a
fait sa force d’épreuve exigeante, impitoyable. Le
Tour de Corse a longtemps trainé une réputation
d’épreuve pour « spécialistes ». Comme d’autres
rallyes, comme le Safari, le RAC, les 1000 Lacs en
Finlande, etc… Au yeux de beaucoup, les routes
corses ne pouvaient consacrer qu’un de ces pilotes
« asphalte », un latin donc. Jusqu’à ce qu’en 1983, il
y a donc tout juste trente ans, un certain Markku
Alen n’inscrive son nom, et celui de son copilote
Ilkka Kivimäki, au palmarès de l’épreuve. Un
finlandais (même dans le giron Fiat et Lancia depuis
de nombreuses années…) victorieux, cela
apparaissait impensable tout simplement ! Alors,
d’aucun diront qu’il se trouvait au volant de la
dernière Lancia Rally 037 Martini, un petit chef
d’oeuvre, surtout sur ce profil de routes.
Certes mais
cette année là , pour mieux démontrer sa
domination, le team dirigé par Cesare Fiorio
occupait les quatre premières places et sur le
podium d’Ajaccio, sur la plus haute marche, le
grand Markku devançait Walter Röhrl lui-même,
Ardatico Vudafieri ou encore Attilio Bettega. Rien
que des prodiges qu’il n’était pas facile de devancer.
L’exploit de l’homme du grand nord connut un
retentissement sans précédent et pour faire taire un
peu plus ceux qui doutaient encore et qui pouvaient
encore attribuer ce succès à un coup de chance,
Markku Alen remit le couvert l’année suivante,
toujours avec cette extraordinaire Lancia 037. C’est
resté comme l’un des grands temps forts de l’histoire
du Tour de Corse.
Texte : JBCOM 92 /ALAIN BERNARDET
photos : Organisation