Bilan 13e Tour de Corse Historique : Dans la grande tradition !
Le bilan de cette 13e édition du Tour de Corse Historique ? Une épreuve rendue très difficile par une météo capricieuse, un splendide vainqueur, une jeunesse un brin irrévérencieuse mais aux performances éclatantes. Tous les ingrédients étaient réunis pour un Tour de Corse fidèle à son Histoire...
Çà y est, le rideau est retombé sur ce
13ème Tour de Corse Historique. Il
s’achève comme il avait commencé,
sous un ciel gris et fort humide. Cette
météo incertaine toute la semaine de
course n’aura certes pas contribué au
confort de chacun mais elle aura
largement fait en sorte de rendre le
rallye bien plus beau, bien plus difficile
sportivement. Un Tour de Corse fidèle à
la grande tradition de l’épreuve avec
des routes rendues glissantes par la
pluie, les feuilles mortes, les châtaignes
tombées sous les rafales de vent. Le Tour
de Corse, longtemps organisé en
novembre a construit sa sévère
réputation par ces conditions difficiles.
Cette année, les quelques 250
équipages au départ auront été servis !
Mais à l’heure d’un premier bilan, qui,
mieux qu’Yves Loubet, l’artisan du profil
de cette épreuve peut dresser ce
dernier ? « Cela pourra apparaître banal
mais une fois encore, je voudrais remercier
tout le monde. Les concurrents qui nous
ont fait confiance une nouvelle fois mais
aussi la direction de course, nos ouvreurs,
tous les commissaires qui ont fait un travail
admirable. Ils n’ont pas beaucoup dormi,
parfois. Il y avait beaucoup de concurrents
au départ, peut-être un peu trop. Et la
course a été rendue particulièrement
difficile du fait de routes rendues
glissantes.
Pour la première fois de son
histoire, nous avons connu un accident
sérieux. Christian Bourriez s’est blessé lors
d’une sortie de route et nous pensons fort
à lui. Nous espérons le revoir rapidement
en forme et parmi nous l’an prochain…
Nous avons aussi connu quelques couacs,
il faut le reconnaître. Par exemple, une
erreur de chronométrage a trop tardé à
être corrigée. Certains, comme Marc
Valliccioni en ont pris ombrage et ont
perdu patience. Nous méritions un carton
rouge, c’est sûr, mais cela ne justifiait pas
de quitter le rallye de la sorte…
Au départ, j’étais persuadé des attraits du
parcours avec son incursion dans le cap.
Maintenant, il a pris une dimension toute
particulière avec le mauvais temps
rencontré. Les concurrents sont vraiment
retombés dans la grande et belle histoire
du Tour. Et encore, il faut relativiser : ce
que les concurrents ont fait en un peu plus
de quatre jours se faisait à la grande
époque en à peine plus de …24 heures !
Je pense qu’ils garderont tous un souvenir
très fort de cette édition.
Maintenant, je tiens vraiment à remercier
nos partenaires qui contribuent à rendre
cette fête encore bien plus belle. Oscaro,
Corse GSM toujours auprès de nous. Puis
Stand 21pour la grande qualité de ses
lots spécifiques lors de la remise des prix,
BPS pour sa dotation sportive de
combinaisons, de siège baquet, d’un
casque que nous avons pu offrir au petit
Fabrice Giorgi, à l’arrivée avec son père
alors qu’il est handicapé. Et bien sûr les montres
BRM qui récompensent les vainqueurs et qui
donnent une très belle dimension à notre remise
des prix. Vraiment, un très grand merci à eux
tous…
Maintenant, sportivement, la course a été
remarquable avec un beau regroupement au
devant de la course. C’était assez fabuleux
d’entendre ses Ford Escort RS rugir de la sorte.
Comme le dit un spectateur sur notre forum, les
maisons de Ghisoni ont vibré comme à la belle
époque ! La course est restée très ouverte jusqu’au
bout avec des écarts vraiment réduits. Elle est
passée par plusieurs stades. Tout d’abord, le
panache formidable de Jean-Claude Andruet, la
nuit surtout, puis cette lutte entre Jean-Marc
Manzagol, Marc Valliccioni et François Padrona.
Seul Padrona en est sorti indemne. Il a été grand
tout au long de l’épreuve. Et puis, il y a la famille
Toedtli, père est fils. On peut juste affirmer qu’à 19
ans, le fils Jérémie, au volant d’une Escort RS pas
facile à mener, est bourré de talent. Il y a les belles
courses de Puren, du petit Jean-Philippe Martini
avec sa modeste Opel Kadett GTE, de Zuccarelli
associé à Savignoni. Ils viennent, comme beaucoup
cette année, du rallye moderne, ils n’ont pas
effectué un mètre de reconnaissance et ils sont
arrivés enthousiastes, repus de kilomètres de
course, conquis par la discipline. A leurs yeux, nous
avons inventer une belle machine à remonter le
temps. Il faut aussi souligner la course de Luisa
Zumelli et Paola Valmassoi qui remportent la
Coupe des Dames sur leur Porsche 911 de 1975
en VHC ou de Marie-Odile Desvignes première
des dames en VHRS avec Annick Peuvergne sur
leur Alpine Aseptogyl retrouvée. Elles ont effectué
une très belle course. Il faut vraiment donner un
grand coup de chapeau à toutes les équipes qui
ont amené en Corse des voitures vraiment
exceptionnelles, aux mécaniciens qui ont souvent
réalisé des exploits durant l’épreuve et je voudrais
aussi souligner la qualité de la course en VHRS.
Déjà les voitures présentées, d’une variété
incroyable et d’une qualité de préparation
vraiment irréprochable. Il y avait des Porsche, des
Alpine bien sûr mais aussi des Alfa Romeo, des
BMW, des Lancia, des Triumph, des VW, des
Traction Citroën, des Volvo et même l’Aston Martin
DB5, digne d’un concours d’élégance, pour le
Cheikh qatari Abdulla Althani. Des norvégiens sont
venus en nombre cette année et je crois qu’ils
repartent conquis. Je crois qu’ils sont devenus de
véritables latins…Notre épreuve est en train de
prendre une vraie dimension internationale, c’est
parfait. Cette année, le Tour s’est aventuré dans le
Cap Corse. Je pense que cela a été une
découverte pour beaucoup. J’ai déjà en tête les
grandes lignes du tracé de l’an prochain. D’année
en année, ce que nous souhaitons, c’est de nous
renouveler sans cesse, de surprendre à chaque
fois. La Corse n’est pas si étendue que cela mais
ses ressources sont immenses. Alors, je vous dis à
l’année prochaine…
LE BEAU GESTE D’UN GRAND VAINQUEUR…
Pour remporter leur second Tour
de Corse Historique (le premier
en 2010), François Padrona et
Seraphin Farinacci n’ont pas eu la
vie facile.
C’est le moins que l’on
puisse dire… Après une première
étape en demi-teinte (16ème
seulement au soir de l’étape !) par
la faute d’une boîte de vitesses
récalcitrante, ils ont dû revenir vers
le haut du classement en se
sortant les tripes. Et ils n’ont pas
mis longtemps. Surtout, ils ont dû
composer avec la résistance d’un
Andruet en grande forme, puis
résister aux assauts de Jean-Marc
Manzagol, de Marc Valliccioni sur
leur Renault 5 Turbo. Mais les
deux pilotes corses ont dû se
retirer, le premier pour des
problèmes mécaniques, le second
sur décision personnelle. François
et Seraphin n’étaient pas
tranquilles pour autant. A leur
poursuite, il y avait la famille
Toedtli. Le père Gérald, champion
de Suisse il y a quelques années,
réputé pour son pilotage
spectaculaire très efficace et le fils,
Jérémie, à la maturité vraiment
étonnante du…haut de ses 19 ans
seulement. Avec son Escort RS
Groupe 4, il s’est montré très
rapide, très sûr aux avants postes.
Il a signé des meilleurs temps là
où on l’attendait le moins, faute
d’expérience. Et cela au nez des
plus experts, à commencer par son
père, brillant second de l’épreuve !
Padrona, pilote d’expérience, a
vraiment apprécié la performance
du « gamin ». A la tête d’un team
engageant une Mini WRC
Prorive, victorieux en Corse en IRC
avec Dani Sordo en 2012,
François Padrona, sous le charme
de ce talent pur a décidé de
donner une chance à Jérémie
avec cette Mini WRC dans une
épreuve d’envergure où il pourra
se mesurer au « gratin » de la
discipline. Chapeau !
-> Classement VHC
-> Classement VHRS
Texte : JBCOM 92 /ALAIN BERNARDET
photos : Organisation