La première fois : ma première course en Groupe 1
NDLR : Raymond Hernando nous raconte ici sa première course en Groupe 1 au Val de Vienne (Avril 2010) au travers de sa fidèle - on est maintenant en fin de saison ;-) - BMW 320. En fait, c’est plutôt la BMW qui s’y colle ;-)
Acte 1 -Présentation
Déjà je dois vous dire que je ne pensais en aucun cas finir ma carrière comme voiture de course moi qui était habituée à avoir été choyée durant toute ma vie au sein d’une même famille du pays basque.
Et puis voilà qu’un jour un "énergumène" sur le retour d’âge vient voir mes propriétaire chérie pour leur demander s’il ne voulaient pas se séparer de moi.
Se séparer de moi me suis-je dit, moi, une béhème 320 - 6 cylindres qui ait toujours été fidèle à eux qui n’ai jamais quittée mon pays et dont l’immatriculation est restée la même depuis 30 ans ??? Ils ne voudront jamais !
Et bien oui, il m’ont lâchement laisser tomber entre les mains d’un fou furieux de compétition automobile !!! Le pire c’est qu’ils semblaient être contents d’apprendre que mon nouveau Déjà me transformerai en bête du Groupe 1.
Et à partir de ce moment j’ai été désossée, mise à nue de l’intérieur, tout y est passé : les insonorisants ont été enlevé, mes doux et confortables sièges d’origine ont été remplacé par d’horribles baquets de course, on m’a affublé d’un hideux arceau de sécurité, installé un coupe circuit - tiens le mot circuit déjà - et monté un exctinteur. Il me manque encore mes amortisseur "Racing" comme il dit que je n’aurais que dans quelques semaines soit bien après la première course.
Là je me suis dit : C’est donc vrai il est vraiment décidé de me faire courir, c’est pas une blague pour épater les copains, les copains qui d’ailleurs ne manquaient pas de se moquer de moi en lui disant : "Et tu vas courir avec çà ?"
Cerise sur le gâteaux et premier prix du mauvais goût il m’a collé des bandes noir et argent en guise de peinture de guerre moi si belle en Or BMW.
Acte 2 - Aller au circuit
2 mois de torture plus tard et après une séance d’essai privé sur circuit où pour montrer ma réticence à la compétition j’ai simulé une maladie de frein dans l’espoir que çà découragerai mon maître mais en vain, me voilà hissée sur une remorque à l’air libre - moi qui ai toujours été habitué à dormir au chaud dans un garage - pour rejoindre le circuit du Val de Vienne en ce week-end ce Pâques.
M’étant mis en combine avec le porte-voiture qui me transportait et pour contrecarrer les projets de mon maître, mon ami le plateau décida de se crever une roue sachant pertinemment que tout le monde avait oublié d’embarquer une roue de secours, mais là encore les dieux était avec mon maître car la crevaison intervint à 600 mètres d’un point pneus. Décidément il était dit que je la ferai cette satanée première course.
Seule consolation de la journée : il me présenta au contrôleur technique 10 minutes après la clôture des engagements, une fois de plus la chance était avec lui et après une petite remontée de bretelles - et toc dans les dents !! - on m’accepta "bonne pour le service". Dommage !!
Et puis il me laissa là en plein milieu du parc concurrent, à l’air libre face à tous vents sans me protéger sous une tente, remarquez qu’avec la tempête qu’il faisait ce jour là et vu le nombre de toiles envolées parmi les autres concurrents cela n’aurait pas servi à grand chose. Bref voilà dans quelles conditions j’allais passer ma première nuit seule au milieu de ce parc concurrents, mais pourquoi diable mais anciens propriétaires m’ont t’il laissé partir ??!!
Acte 3 - Les essais
Après cette nuit glaciale à la belle étoile - aux belles averses oui ! - vient le temps des essais chronométrés et mes premiers tours de roues sur une piste automobile. Mon maître et pilote n’étant pas des plus habile, ne connaissant absolument pas la piste, moi pas tellement réveillée et un peu enrhumée après cette froide nuit - il faut dire qu’il était 8h30 en ce samedi matin - et assez réfractaire à ce genre d’exercice, cette séance se soldera par deux 360° sans compter le nombre de tout droit.
De ma paisible vie je n’ai jamais fait de tête à queue et voilà tout d’un coup deux à la suite ! Bref je me retrouve dans les dernières sur la feuille des temps, seules deux Alfa sont derrière moi, elles doivent aimer l’exercice encore moins que moi c’est sûr.
Pensez vous qu’il soit déçu de ses chronos ? Que nénies, au contraire il est tout content que sa "trapanelle" comme il me nomme ne soit pas dernière de la classe. Et le voilà qu’il donne rendez vous à tous ses copains quelques heures plus tard pour la première course de l’année. Et la première tout cours pour moi.
Acte 4 - Course 1
5 heures de repos plus tard, ce qui m’a permis de reprendre mes esprits voilà qu’il est temps de prendre part à cette fameuse première course sur une piste totalement détrempée suite à un violent orage qui a sévit quelques minutes plus tôt. Il ne manquait plus que çà pour me mettre en confiance connaissant les talents qu’a eu mon maître ce matin au essais alors qu’il faisait sec, ouille, ouille, ouille !!
Heureusement qu’il me fait partir du fond de grille, ça évitera peut-être quelques tôles froissée.
J’ai cru comprendre dans mon langage automobile qu’il s’agisssait d’une procédure allégée, allégée veut dire mise en grille et départ à l’extinction des feux sans autre forme de procès et dans la précipitation mon âne de maître met la marche arrière au lieu de la première vitesse me ridiculisant au yeux du public.
Vous avez déjà vu Schumacher démarrer en reculant en F1 ? Nous on l’a fait !!!
Le temps de retrouver ses esprit et enclencher enfin cette fameuse première vitesse nous voilà parti dans un beau cirage de roues. C’est bien la première fois qu’on me fait cirer les roues moi la paisible 320, c’est drôle, c’est rigolo et en plus j’ai bien aimé....
Bref, grâce au goulet du premier double gauche avec 24 furieux dedans on revient sur les derniers du peloton et voyant un trou de souris entre la carrosserie de gauche et la bordure de droite mon maître s’y engouffre tête baissé, moi je ferme les yeux pour ne pas voir le carnage et oh miracle ça passe. 4 concurrents sont derrière nous, on n’est pas dernier, Youpiiie !!!
C’est là que je me retrouve devant une autre béhème, une 323i, plus puissante de 20CV mais identique en châssis et aussi peu préparée que moi. Quand aux autres : les Alfa, BMW 3.0, 6.35 Csi, pas question de jouer avec elles on n’est pas dans la même cour.
Au profit de la longue ligne droite la 323i nous passe devant, mon maître lui met la pression dans le serré et hop : tête à queue...pour la 323, on repasse devant, je fait comprendre à mon maître qu’il ne faut pas me mettre dans le bac à sable si on veut finir devant notre adversaire, malgré tout ce dernier revient peu à peu sur nous, c’est à ce moment que je décide de faire une farce à mon pilote en dégrafant mes attache capots, j’ai trouvé ça sexy mais lui il n’a pas trop apprécié parce-que là c’est sûr il y voyait moins bien !! et ce qui devait arriver arriva : sous la pression de la 323i je part en tête à queue, nous perdons une place pour finir 17e au scratch sur 24 partants et 7e sur 10 en classe 2 litres.
Acte 5 - Course 2
Après m’avoir encore fait passer une nuit à la belle étoile dans l’humidité de la campagne poitevine sous les giboulées de printemps mon maître vient me rechercher le lendemain pour la deuxième course de meeting : Là ça en est trop pour moi d’autant que j’ai attrapé un rhume cette nuit et que l’ouverture en grand de mon carburateur me fait tousser.
Dans ces conditions c’est avec une petite forme que je prend part à cette seconde manche pensant même abandonner au bout de 4 tours tellement j’avais honte de me traîner si lamentablement pensez, j’ai perdu 20 km/h en pointe par rapport à hier. Dans ces conditions terminer 18e au scratch et 9e en 2 litres était inespéré.
Acte 6 - A la prochaine
Pas de podium, pas de prix, pas de gloire mais pourquoi diable mon maître s’évertue t’il à vouloir jouer au pilote de course ?
Pour l’ambiance sûrement et puis pour cette petite montée d’adrénaline du départ, probablement aussi pour cette recherche du défi personnel ce en quoi je pense avoir le même sentiments car sous mes airs de mauvais caractère je crois que j’y ai pris goût moi aussi à cet esprit "compétition" alors promis mon maître : Dès que tu m’auras mis des bons amortisseurs, refait mon carburateur, refait l’echappement et mis un bon filtre à air, je te ferais voir de quoi je suis capable....mais toi aussi apprend à piloter s.t.p.
NDLR : 7 mois plus tard, Raymond et sa béhème sont devenus des fidèles du Groupe 1 : Raymond a peaufiné son pilotage et la béhème est finalement très heureuse qu’il l’ait sorti de sa retraite dorée ;-) pour venir s’encanailler avec les copines ! Un grand merci à Raymond Hernando pour le partage de cette expérience !
Texte : Raymond Hernando - Photo : Photoclassicracing