Goodwood Revival 2018 : cette ode au passé qui a de l’avenir...
Le Goodwood Revival connaît le succès depuis vingt ans, et si on est tenté de s’interroger sur son avenir, l’édition 2018 (7-9 septembre) a prouvé que l’événement a encore de longues années devant lui.
À commencer par l’enthousiasme des jeunes pilotes de haut niveau qui rejoignent de plus en plus le Sussex en septembre. Depuis 1998, nous avons vu défiler les plus grands noms du sport auto des années ‘50 et ‘60. De cette génération restent seuls en piste Sir Jackie Stewart (en démonstration), Brian Redman et Jackie Oliver. La manche du RAC TT Celebration comptait dans ses rangs six anciens vainqueurs des 24 Heures du Mans (Attwood, Bell, Dumas, Lotterer, Mass et Pirro).
Difficile d’épingler les joutes les plus significatives parmi les seize courses du week-end… Commençons par le Kinrara Trophy disputé sur une heure, le vendredi à la tombée de la nuit. Les concurrents nous ont gratifiés d’un spectacle de haut vol. Emanuele Pirro s’est montré impérial, voire endiablé, au volant de la curieuse Ferrari 250 GT ‘Breadvan’ qu’il partageait avec Niklas Halusa.
Derrière lui, on retrouvait Minshaw sur Jaguar Type E, tandis que Richard Meins menait sa Jaguar Type E avec une telle impétuosité qu’il a... tamponné une Ferrari GTO et perdu plusieurs places ! Son équipier Rob Huff a effectué une remontée spectaculaire, mais il a eu la désagréable surprise de voir son capot s’ouvrir alors qu’il dépassait un adversaire. Le choc du début de course avait affaibli les attaches de capot… Gardant son sang-froid, Huff a poursuivi sa route pour terminer 3ème. Magique...
Samedi après-midi, le St Mary’s Trophy a lui aussi donné lieu à une véritable bataille rangée entre les pilotes de Ford Cortina Lotus. Les protagonistes sont de sérieux clients, Rob Huff a donné un festival de pilotage, pourchassé par Sutton, Jordan et Pirro, mais aussi par Matt Neal avec une impressionnante Studebaker Lark. Pirro a abandonné après quelques tours et c’est Huff qui a franchi le premier la ligne d’arrivée.
Il allait par la suite écoper d’une pénalité de 10 secondes pour avoir anticipé le départ. C’est donc Ashley Sutton qui a remporté la victoire devant Jordan et Neal. Soit un podium 100% BTCC ! Dans cette course réservée aux voitures de tourisme du milieu des années ‘60, on retrouvait d’autres grands noms comme André Lotterer, Jackie Oliver, Nicolas Minassian, Tiff Needell, Stuart Graham, Jochen Mass ou encore Gabriele Tarquini.
Les motos étaient également de la partie avec la star du Tourist Trophy John McGuinness, qui faisait son retour après son terrible accident de l’année dernière. La manche de samedi voyait la victoire d’une étonnante BMW à compresseur de 1929 affutée par le service compétition de l’usine, chevauchée par l’acrobatique Claus Clausen, relayé par Maria Costello. A noter que cette machine n’est pas équipée de suspensions à l’arrière, ce qui explique un pilotage acrobatique et spectaculaire. Le lendemain, c’est Glenn English et John McGuinness qui ont empoché la manche ainsi que la victoire au cumul des deux épreuves.
La dernière course de ce week-end pas comme les autres faisait figure de bouquet final, façon feu d’artifice : le Sussex Trophy, réservé aux machines ayant pour la plupart participé aux 24 Heures du Mans dans les années ‘50. En difficulté sur la grille de départ, l’auteur du meilleur temps, Phil Keen, sur Lister Jaguar, a été poussé devant son stand par ses mécaniciens. Alors que les concurrents prenaient le départ, la Lister a finalement daigné démarrer. Devant, la course était de toute beauté : Roger Wills sur Lotus 11 se détachait de la Ferrari de Sam Hancock et réalisait la course parfaite, conduisant son agile Lotus avec une rare propreté. Mais la menace Phil Keen se précisait : la Lister effectuait une remontée d’anthologie et doublait au dernier tour un Wills pris par surprise qui partait à la faute. Sans dommage, mais il terminait finalement 2ème.
La traditionnelle remise des prix valait elle aussi le déplacement. Une belle cérémonie présentée par le Duke of Richmond himself. Des centaines de coupes de champagne ont été offertes aux membres de l’assemblée. Emanuele Pirro a bien fait rire tout le monde… et a terminé sa minute d’éloquence en embrassant le Duc et la Duchesse !
Laissons le mot de la fin à André Lotterer,(pilote automobile allemand) nouvelle victime du virus de Goodwood : "Fabuleux ! Vivre un rêve pendant trois jours, ça va être difficile de revenir à la réalité, tant les gens sont beaux et bien habillés, les voitures sont fantastiques. Les détails sont juste incroyables, ça crée une ambiance unique. C’est la première fois que je viens, je suis super heureux, j’ai eu un grand sourire toute la journée. Je m’amuse avec une AC Cobra et une Alfa GTA. Je n’ai pas l’habitude de rouler avec ce genre de voitures, mais ça s’est bien passé avec la Cobra, j’ai découvert le circuit le samedi matin avec l’Alfa, j’ai pris tout de suite mes marques. Ce circuit est vraiment rapide et pas facile. Il est surtout très technique avec ses courbes en dévers, les voitures ont beaucoup d’inertie et pas beaucoup de grip. C’est une expérience magnifique, et il est clair que si je suis libre les années à venir, je serai de la partie !" Et si Lotterer le dit...
Texte : Christophe A. Gaascht / Photos Serge Dubois
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