Grand Prix de Monaco Historique 2021 : un week-end intense
Ce week-end du 23-25 avril 2021 s’est déroulé le 12ème Grand Prix de Monaco Historique ;
Malgré les contraintes sanitaires du moment, plus de 90 concurrents ont pu émerveiller les passionnés et célébrer notamment le premier succès de Ferrari en Championnat du Monde obtenue par l’Argentin Froilan Gonzales en 1951 sur le circuit de Silverstone.
Ainsi, on a eu le plaisir de voir courir quatre modèles ayant écrit les plus belles pages du sport automobile :
• La Dino 246, n°20 en Série B, pour témoigner de l’époque où les monoplaces de la marque italienne étaient équipées de moteurs avant. La voiture présente étant la dernière F1 à moteur avant à avoir remporté un Grand Prix en l’occurrence celui d’Italie 1960 à Monza aux mains de Phil Hill.
• En Série C, la 250 Mille Miglia de 1953 pour rappeler la seule année 1952 où les F1 ont été remplacées à Monaco par les Voitures de Sport.
• Les quatre (oui 4 !!) types 312 en Série E (n°3/4/6/8) pour évoquer la période des premières F1-3 Litres.
• Les deux 312B3 en Série F, respectivement pilotées par Jean Alesi et René Arnoux (anciens pilotes officiels et vainqueurs dans leurs carrières respectives avec la Scuderia), pour témoigner la renaissance de la firme de Maranello, à nouveau victorieuse grâce à Niki Lauda dès 1974.
Et pour résumer ce week-end : des courses intenses, du beau temps et.... des restaurants ouverts ;-)
On vous donne rendez-vous pour l’édition suivante du Grand Prix de Monaco Historique, 13e du nom, qui aura lieu du 13 au 15 mai 2022...
Retour sur l’édition 2021
Visite princière
Visite officielle en ce samedi de S.A.S. Le Prince Albert II lors de cette 12e édition du Grand Prix de Monaco Historique. Le Souverain a pu suivre les différentes séances de qualifications de la matinée en compagnie notamment de Jean Alesi et René Arnoux ;
Zoom sur les paddocks
Déjà vu jeudi dans le paddock, Charles Leclerc est revenu vendredi pour passer un long moment à discuter avec Jean Alesi, qui venait d’ajuster sa position de conduite dans la Ferrari 312 B3 de Niki Lauda qu’il devait piloter pendant la pause de la mi-journée.
Comme René Arnoux dans l’autre, pour quelques tours filmés, sans stress, avant la première séance d’essais libres de l’après-midi pour cette Série F dont ils sont les stars ce week-end. « L’asphalte est meilleur qu’avant, les pneus sont bien plus performants, donc il y aura plus d’adhérence », s’est réjoui Arnoux avant de partir sur la piste.
Mais coup dur pour René Arnoux , qui malheureusement samedi dans sa Ferrari 312 B3 ex-Niki Lauda, a tapé à la sortie du virage du Bureau de Tabac quand il s’est retrouvé au point mort au moment d’accélérer.
*On a pu croiser également Nico Hulkenberg pilote de F1 réserviste chez Aston Martin et vainqueur des 24 heures du Mans et Alex Caffi, ancien pilote de F1 qui roule ici sur Ferrari 312
Les courses
Série A : doublé français, avec Talbot-Lago et Bugatti devant Maserati
La victoire dans la course des voitures d’avant-guerre semblait promise à la Frazer Nash de Patrick Blakeney-Edwards, parti en pole position et largement en tête, mais un problème technique, peu après la mi-course, a obligé le pilote britannique à garer sa superbe monoplace. L’occasion fait le larron et le Suisse Christian Traber, dans sa Talbot-Lago bleu ciel, a pu cueillir les lauriers de la victoire, devant deux autres voitures de légende, la Bugatti 35 B de l’Autrichien Niklas Halusa et la Maserati 6 CM de l’Ecossais Ewen Sergison. ( Classement final Séries A)
Les Coupes leur ont été remises par Christian Tornatore, Commissaire Général de l’Automobile Club de Monaco (ACM).
Série B : Maserati ouvre le bal, Fierro-Eleta magistral !
Auteur d’un meilleur départ, sur la pole position, Guillermo Fierro-Eleta, dans sa Maserati 250 F engagée au GP de Monaco de F1 entre 1955 et 1959, a fait honneur à Maria Teresa de Filippis, ancienne pilote de cette voiture d’exception et première femme jamais engagée en Championnat du monde de F1.(-> Lire notre portrait de MT de Filippis) Le duel que tout le monde attendait en Série B, contre la très légère Lotus 16 de Max Smith Hilliard, n’a pas eu lieu, car le Britannique a raté son départ, laissant s’envoler en tête l’entrepreneur espagnol de 60 ans. Derrière Fierro-Eleta et Smith Hilliard, le podium a été complété par Alex Birkenstock, dans sa Ferrari Dino 246 pilotée en 1960 par le champion du monde américain Phil Hill.( Classement final Séries A)
Les Coupes ont été remises aux trois premiers par Michel Ferry, vice-président de l’Automobile Club de Monaco (ACM). Au pied du podium, Martin Halusa dans une autre Maserati 250 F, toute blanche, autrefois pilotée par Jean Behra.
Série C : et de deux pour Guillermo Fierro-Eleta !
Au volant de deux Maserati différentes, une 250 F en Série B, puis une 300 S en Série C, Guillermo Fierro-Eleta a remporté deux courses dimanche au Grand Prix Historique de Monaco, de main de maître, mais la deuxième victoire a été plus difficile à obtenir face à de belles Anglaises très rapides. Dans cette course réservée aux voitures de sport à moteur avant ayant couru entre 1952 et 1957, il a d’abord profité d’un tout-droit de l’Anglais David Hart, parti à côté de lui sur la 1re ligne, et en tête en début de course, mais un peu trop optimiste quand il a tapé à la Rascasse et abîmé son train avant gauche, puis est rentré sagement aux stands.
Derrière la Maserati de l’entrepreneur espagnol de 60 ans, deux Jaguar ont pris les places d’honneur, la Type D de Niklas Halusa et la Type C du Belge Nicolas Bert. Très bien partie, sur la 4e place de la grille, l’Allemande Katarina Kyvalova, dans sa Cooper-Jaguar T33, s’est bien battue contre les hommes et a réussi à préserver jusqu’au bout une très belle 5e place, derrière Ulrich Schumacher dans une Maserati. ( Classement final Séries A)
Les Coupes ont été remises sur le podium par Christophe Allgeyer, Commissaire Général Adjoint de l’Automobile Club de Monaco (ACM).
Série D : quadruplé Lotus, Shaw devant Taylor
Dans sa Lotus 21 à moteur Climax, construite en 1961 et pilotée en course par Jim Clark, Mark Shaw est très bien parti de sa pole position pour la Course D, avec dans son sillage le Français Philippe Bonny, dans une Brabham-Ford BT2 ayant débuté sa carrière en Formule 2. Dans une autre Lotus-Climax, un modèle 18 de 1960, Nick Taylor a mis un peu de temps à s’élancer de la 1re ligne et a dû partir à la poursuite de Bonny qu’il a dépassé sans coup férir à Sainte-Dévote, dès le début du 3e tour. Parti sur la 2e ligne dans une autre Lotus-Climax, une 24 de 1962, le Suisse Philipp Buhofer a réussi à recoller à Bonny, imité un peu plus tard par Stephan Jobstl, pour boucler un quadruplé de la marque mythique fondée par Colin Chapman.
( Classement final Séries A)
Sur le podium, les trophées ont été remis par Son excellence le ministre d’Etat Pierre Dartout.
Série E, course : Lyons (Surtees) surprend Hall (McLaren)
Un dépassement, un seul, au bon moment : la McLaren M19 aux couleurs de Yardley, pilotée par Stuart Hall et partie en pole position pour la Course E, s’est fait surprendre tout de suite, dans la montée de Beau Rivage, vers le Casino, dès le début du 1er tour (sur 12), par la Surtees TS9 de Michael Lyons. Pendant ce temps, la Brabham BT 37 de Jamie Constable s’installait au 3e rang devant la March 721 Eifelland de David Shaw, avec rétroviseur central, autrefois pilotée par le regretté Rolf Stommelen, suivie à distance par la McLaren en robe orange de Roald Goethe, le grand collectionneur installé à Monaco.
Hall n’a rien lâché, pour le plus grand plaisir des spectateurs installés au soleil, et à la mi-course sa McLaren blanche était revenue dans la boîte de vitesses de la Surtees bleue, très loin devant le peloton de chasse, mais Hall n’a jamais trouvé l’ouverture, malgré plusieurs tentatives à la Rascasse.
Quant à la bagarre entre Constable et Shaw, très animée de bout en bout, elle s’est terminée par un accrochage à la Piscine qui n’a pas empêché Constable de terminer sur le podium alors que Shaw a dû laisser sa 4e place à Goethe. ( Classement final Séries A)
La Coupe de SAS le Prince de Monaco, pour le vainqueur anglo-irlandais de 30 ans, et les Coupes de l’Automobile Club de Monaco, pour Hall et Constable, ont été remises par Géry Mestre, le président de la Commission des Voitures de Collection de l’ACM.
Série F : Werner pousse Alesi, Lyons vainqueur !
La Course F, réservée aux F1 de 1973 à 1976, a tenu toutes ses promesses, grâce à un duel haletant, palpitant, entre Jean Alesi, dans sa Ferrari 312 B3 ex-Niki Lauda, et Marco Werner, dans sa Lotus 77 plus récente de deux ans, partie en pole position mais moins bien qu’Alesi. Le Français était en tête au premier virage, celui de Sainte Dévote, et pendant les 15 tours suivants (sur 18), jusqu’à une poussette de l’Allemand, triple vainqueur des 24 Heures du Mans mais zéro Grand Prix au compteur. C’était au virage Anthony-Noghès, à l’entrée de la ligne droite des stands, et alors que Jean d’Avignon était en train de changer de rapport, sa belle voiture rouge a été propulsée dans le mur par la Lotus noire, qui avait tout essayé depuis le départ pour passer en tête, en vain. « Je suis déçu, mais je n’ai rien pu faire. C’est dommage, parce qu’on était en train de faire une belle course. Je reviendrai l’an prochain », a promis Alesi en rentrant au paddock, salué par les pilotes et les spectateurs, pendant que Werner était pénalisé et rétrogradait au 3e rang, sans vouloir monter sur le podium.
Le bénéficiaire de l’affaire du jour a donc été l’Anglo-Irlandais Michael Lyons, qui avait tenté de suivre le rythme infernal des deux anciens dans sa McLaren ex-James Hunt, avant de lever le pied pour assurer une jolie 3e place… jusqu’au déclassement de Werner, qui a aussi permis au jeune Julien Andlauer de prendre la 2e place de cette course d’anthologie dans une March 761 ex-Arturo Merzario. C’est le vainqueur, Michael Lyons, qui est ensuite venu déposer la Coupe du 3e, remise par le directeur de course de l’ACM, Jacques Rossi, sur l’aileron avant de la Lotus de Werner, avant d’aller se préparer pour la Course F, la dernière du week-end. Grande classe, comme Jean Alesi. ( Classement final Séries A)
Série G : la passe de trois pour Michael Lyons !
Trois courses, trois victoires, Michael Lyons a fait carton plein dimanche au Grand Prix Historique de Monaco. L’Anglo-Irlandais de 30 ans a remporté coup sur coup les Courses E, F et G dans des circonstances diverses, avec trois monoplaces bien différentes : d’abord dans une rustique Surtees TS9 dans la Course E, en prenant le meilleur départ, puis dans une McLaren M26 ex-James Hunt, suite à l’accrochage entre Jean Alesi et Marco Werner (déclassé) dans la Course F, et enfin dans une Hesketh 308 E toute bleue, de 1977, en profitant un peu de l’abandon de Jordan Grogor, parti en pole position, qui a tapé avec son Arrows dorée… sous la pression intense de Lyons. Le héros du jour a terminé avec 12 secondes d’avance sur Mike Cantillon, grand spécialiste comme lui des courses de voitures anciennes, et 48 secondes d’avance sur Matteo Ferrer-Aza, remonté de la dernière place à bord de sa Ligier JS11/15.
De nombreux incidents de course sont venus émailler cette dernière course du week-end, comme quand Alain Ferté a touché à l’avant-gauche avec son Arrows, du côté de la Piscine, ou quand le jeune Evens Stievenart a fini dans le mur du virage Anthony-Noghès sa Tyrrell 010 s’étant envolée au-dessus d’une autre Tyrrell bleue, celle de son rival pour la 2e place, Mike Cantillon. ( Classement final Séries A)
Les Coupes ont été remises par Alain Pallanca, directeur de course pour l’Automobile Club de Monaco (ACM). Comme Jean Alesi, on peut parier que Michael Lyons reviendra sûrement l’an prochain.
-> Tous les classements des Courses du dimanche
L’homme du jour : Jean Alesi
La coupe de Champagne qui accompagne la montée sur le podium lui a échappé mais à l’applaudimètre il est monté, virtuellement, sur la plus haute marche ! Après avoir mené les trois quarts de ce 12° Grand Prix de Monaco Historique en contenant les assauts d’un Werner survolté (trop optimiste ?), la Lotus a fini par harponner sa Ferrari 312 B3 et l’envoyer dans le mur… Aux côtés de Toni Seiler qui venait d’en terminer avec cette Course F, Jean d’Avignon s’est souvenu de l’édition 1992 du GP de Monaco où Ayrton Senna remporta son cinquième succès en fermant toutes les portes à un Nigel Mansell déchaîné… mais incapable de doubler. Car comme le dit si bien Jean Alesi en évoquant cette passe d’armes magnifique : « Quand il n’y a pas la place… ça ne passe pas ! ». Werner est prévenu pour la 13° édition du GP de Monaco Historique, car Jean a déjà pris rendez-vous !
Organisation : AUTOMOBILE CLUB DE MONACO
©ACM / JM Biadatti-www.photoclassicracing.com
-> Tout 2021... et les éditions précédentes
Portfolio
Documents joints
Classements Course 2021 (PDF - 677 kio)