Le 7e Critérium de Touraine Classic : comme au bon vieux temps
Un rallye musclé comme à la grande époque, physique et sans répit : c’est le cocktail détonant qu’ont proposé les organisateurs de cette épreuve de printemps, désormais morceau de choix du Trophée René Jouan. Tous les concurrents en ont bavé sous un soleil omniprésent. Certains y ont laissé des plumes, d’autres l’ont marquée de leur empreinte. Mais aucun n’a boudé son plaisir.
Les habitants de la jolie petite ville de Savonnières, nichée au bord du Cher dans un écrin de verdure, sont désormais habitués. Chaque deuxième dimanche du mois, les amateurs de belles anciennes investissent la pelouse en fin de matinée et devisent gaiement, capots ouverts et apéro à la main. En ce 13 avril, alors que le soleil a déjà pris ses aises, ils sont comblés : à l’aréopage ordinaire se joint la vrombissante caravane du Critérium de Touraine Classic, septième du nom, numéros fièrement apposés sur les portières, pilotes et copilotes tout sourire qui font leur entrée sur le parking. Joël Laplacette, speaker officiel de CART HISTORIQUE, toujours prompt à dégainer telle ou telle anecdote sur l’équipage ou sa monture, les accueille dans un enthousiasme communicatif. Une à une, les voitures se rangent et les héros en descendent. C’est vrai que ça fait plaisir d’en terminer avec ce rallye pour le moins éprouvant ! Pensez donc, 480 km dont la moitié face au chrono, sur les petites routes tourangelles faites de multiples pif-paf à gauche comme à droite, et à enchaîner pour partie dans l’obscurité de la nuit…
Tout a commencé la veille, au même endroit, juste avant midi. Pas loin de cinquante engagés, joli score en cette période de crise, se succèdent sous le portique pour rejoindre la première Zone de Régularité. Fidèle à son habitude, Henri-Emile JACONELLI a décidé de frapper fort tout de suite : cette ZR se fera « à l’ancienne », avec une simple table de moyenne distribuée au dernier moment. Tant pis pour les tableaux de bord bardés d’électronique, ils resteront muets. A ce petit jeu, c’est la Volvo 122S de Dominique PERRIAT et Joël DURAND qui s’offre le statut de premier leader en arrivant à l’Ile Bouchard, qui sera la plaque tournante du rallye. Les concurrents sont encore frais mais il leur faut impérativement prendre des forces car l’après-midi s’annonce taillée pour les costauds.
De fait, dès la ZR 2, les premières victimes sont désignées. Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER (Alpine A110), tenants du titre, lâchent de précieuses secondes à cause d’un tripmaster défaillant. Mais ce n’est rien comparé aux illusions que laisseront, dans la suivante, Daniel PROUST et Christian LANSON, eux aussi Alpinistes mais pas assez vigilants en navigation… « Nous sommes des diesels, reconnaîtront-ils un peu plus loin. Il faut nous laisser le temps de nous réveiller ! ». Et ils auront intérêt car les temps de liaison sont calculés au plus juste, pas question de lambiner sur le routier.
Regroupement à l’Ile Bouchard après une belle empoignade de trois ZR où les traceurs de l’épreuve, Alain CHAPOTOT et Serge MASSON, ont été sacrément inspirés. Bon an mal an, tout le monde est dans le coup, sur le plan de la régularité tout au moins.
Ceux qui s’en sortent vraiment bien s’appellent Teddy BLANCHARD et Dominique BIDAULT : les Normands ont choisi de courir avec une Golf GTI de 1983, un coefficient qui ne les avantage pas, mais ce sont eux qui passent au plus près des temps idéaux. Ils devancent la Porsche de Philippe et Pascale QUIBOEUF, multiples vainqueurs du Trophée mais en mal de réussite ces derniers temps, et la Volvo 123 GT d’Antoine et Aurélie CHARRIERE. En revanche – mais elles ne le savent pas encore – un CP manqué a déjà plombé (un peu) les ambitions de Valérie ROTROU-BOSSART et Sabine GUILLIEN, alias « les Turb’bottines ». Le seul équipage féminin de l’épreuve, habitué du Rallye des Princesses, fait ici une entrée remarquée dans le club des Aguerris.
Arrive la fin de l’après-midi et, malheureusement, quelques ratés dans le chronométrage. A la suite d’une erreur de manipulation, les données contenues dans transpondeurs embarqués seront effacées. Du coup, les quatre ZR encadrant le dîner compteront pour du beurre. Quel dommage car juste après le repas, la spéciale qui emmène les équipages autour de Théneuil et Parçay-sur-Vienne, est de toute beauté. Sélective, faisant la part belle au pilotage, elle enchante autant qu’elle épuise. Bras en béton, Longue-portée et lampes frontales de rigueur. En apprenant l’annulation le lendemain, certains feront grise mine : « On avait bon, pourtant, on est passé nickel » soupirera Claude GASNIER, qui partage une superbe Alfa Romeo Bertone avec Pierre-Antoine CHARPENTIER. La seconde ZR de la nuit, la 11, est bien dans la boîte. Elle ne changera pas grand-chose au classement intermédiaire.
Au petit matin du dimanche, les rescapés savent que tout peut encore arriver. Les années précédentes, la dernière matinée du rallye s’apparentait à une promenade de santé ; cette fois les organisateurs ont décidé de continuer à charger la mule avec pas moins de cinq ZR très techniques. De fait, c’est là que ce Critérium va se jouer.
Rien à dire sur la ZR 12, que tout le monde passe sans encombre. Mais ensuite, ça se gâte pour Teddy BLANCHARD et Dominique BIDAULT : ils sont les premiers à lâcher prise, encaissant la pénalité maximale après avoir copieusement jardiné dans la 13. Première alerte également pour les époux QUIBOEUF qui se trompent de « route principale ». Ils aggraveront leur cas dans la 15, le morceau de bravoure de la matinée, en interprétant mal deux indications du roadbook. Rallye plié, déception en bandoulière, à la prochaine.
Pendant ce temps, Jean-Claude PEROT et Damien RIDEAU, les seuls parmi les favoris à rouler sans aucun équipement de mesure, ont raté le coche en concédant une grosse centaine de points là où il ne fallait pas. Le rallye ne peut plus couronner que les rares tandems à avoir conservé une feuille de bord vierge. Qui alors ? Serge et Catherine SEGURA, sur leur Porsche 914, ne s’imaginent probablement pas en lutte pour le podium, mais leur course sérieuse et appliquée, exempte de grosse faute, leur offre les honneurs de la 3ème marche. Devant eux, les expérimentés Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER ont « fait le job » avec une voiture enfin aux petits oignons : ils ratent la passe de deux, mais de justesse.
La victoire revient à Antoine et Aurélie CHARRIERE, auteurs de deux scratchs, dont la constance a finalement fait la différence. « C’est génial de gagner à domicile, jubilent ces Tourangeaux d’adoption. On n’avait jamais réussi à être bons, c’est une belle revanche ». Aussi belle que l’opération réalisée par les volvistes qui prennent le large au Trophée René Jouan 2014.
La journée peut se poursuivre autour d’un bon repas au restaurant « Les cèdres » de Savonnières, avant une remise de coupes et lots en tout genre. Les héros sont fatigués, idem pour les mécaniques, mais vivre un rallye « comme à l’époque » était bien à ce prix.
Texte : Organisation
Photos : Coucou Passion Rallye (Quentin, Thierry, Stéphanie et Grace BARON).
photo1 :1er Antoine et Aurélie CHARRIERE
[NDLR : Merci à Antoine et Aurélie de porter une nouvelle fois les couleurs de NCR sur la plus haute marche du podium]
Portfolio
Documents joints
Les classements 2014 (PDF - 29.3 kio)