Portrait : Jean Behra, le niçois devenu un pilote de légende
En portant son nom, le rallye historique organisé chaque année en septembre par l’Automobile Club de Nice rend hommage à Jean Behra, pilote niçois à la carrière prestigieuse.
Pour toute une génération, son nom représentera une voie à suivre et fera naître de nombreuses vocations chez des jeunes que l’on retrouvera pilotes une dizaine d’années plus tard chez Matra ou Alpine-Renault lors de la grande renaissance du sport automobile français.
Né le 16 février 1921 à Nice, il est issu d’une famille de commerçants et grandit dans le même quartier où réside alors... le grand pilote niçois du moment, René Dreyfus. Episode peu connu, Jean Behra commencera sa vie de coureur... A vélo ! Ayant obtenu son certificat d’études, il reçoit la traditionnelle récompense de l’époque une bicyclette, et peu après il remporte le championnat amateur des Alpes-Maritimes.
Le champion fut aussi un formidable pilote de moto au début de sa carrière, emportant notamment la course de côte de la Turbie créée par l’ACN (première du genre au monde : 1897) par trois fois et il fut couronné champion de France "motos" de 1946 à 1951. D’ailleurs, au Mont-Ventoux, pour sa première course en voiture (une Maserati 150s à compresseur qui lui était prêtée) il gagne...remportant le même jour le classement moto de l’épreuve ! Comme tous les grands noms de l’époque, Jean Behra pilota tout autant en monoplace, qu’en rallye ou en endurance. Outre Gordini, il fut pilote officiel pour Maserati, BRM, Ferrari, Porsche.
En monoplace, Behra compte 53 départs et 9 podiums de GP en championnat du monde de 1951 à 1959. Sa première grande victoire internationale fut le Grand Prix de France 1952, couru sur le circuit de Reims, qu’il a remporté au volant d’une Gordini 2 litres. Par la suite, il emportera plusieurs victoires en championnat du monde : Grand Prix F1 de Pau (1954), G.P de Suède (1957), G.P F1 de Caen et de Silverstone (1957), G.P du Venezuela et G.P de Reims (1958)... Il occupera également la tête du championnat du monde 1956, la meilleure saison de sa carrière : d’une grande régularité (5 podiums en 7 courses) il aborda même l’ultime manche du championnat à Monza avec une chance mathématique de ravir le titre aux pilotes Ferrari, Fangio et Collins. Mais victime ce jour-là de son unique abandon de l’année, il doit rapidement renoncer et se contenter de la quatrième place finale au classement général, avec 22 points marqués.
Il brilla aussi en endurance, emportant les 1000 km du Nurburgring sur une Maserati 3 litres (1955), ainsi que le supercotemaggiore à Monza et les 1000 km de Paris la même année, ou encore les 12 heures de Sebring (1957), en équipe avec Fangio et se classa également 3e aux 24 heures du Mans (1958)... La même année, Jean Behra fut 2e de la Targa Florio sur Porsche RSK et 3e aux 1000 km de Buenos-Aires (avec Stirling Moss) sur Porsche RS.
En rallye, il se classa notamment 2e du Tour de France (1956) sur Porsche 356. Il fut également Champion d’Allemagne « Voitures de sport » (1958).
Jean Behra a également construit sa propre monoplace avec l’aide de son ami Alexandre de Tomaso, une Formule 2 à moteur Porsche 1500 cc : La Jean Behra - Porsche.
En course, la devise Jean Behra était simple : vaincre ou casser. Une ligne qu’il suivra tout au long de sa carrière quels que soient l’enjeu et les risques. Très apprécié par Enzo Ferrari pour sa combativité et sa générosité au volant (la scuderia le recrute en 1959), il disparait tragiquement le 1er août 1959 à Berlin, dans un accident lors d’une épreuve sport sur le circuit de l’AVUS en lever de rideau du GP d’Allemagne.
A Nice, un boulevard au nord de la ville porte son nom et chaque année, l’Automobile Club de Nice souligne son attachement à cette grande figure de l’histoire du sport automobile mondial en organisant le rallye historique qui porte son nom.
-> Plus sur la carrière et le palmarès de Jean Behra
Crédit photos : Automobile Club de Nice, collection Norbert Huffsmitt/Nice.