
Formidable journée passée en compagnie de Jean-Christian Duby
La gelée matinale n’a pas entamé la motivation de Michael Rozand qui répondait présent au RDV fixé à 10h00 devant les locaux de Duby Auto en Haute-Savoie. Je retrouvais le Président de l’association des Rois de la montagne en train de décharger de nombreuses reliques qui emplissaient le coffre de sa voiture. Une voiture pas si anonyme que cela puisqu’il s’agit de celle du regretté Lionel Regal. Un détail qui en dit long sur la passion de Michael pour la course de côte. Ce dernier, excité à l’idée d’enfin rencontrer l’une de ses idoles de jeunesse se présentait les bras encombrés de photos, livres et autres miniatures.
Après moultes tentatives pour approcher Jean-Christian Duby accaparé par une activité professionnelle très dense, Michael concrétisait enfin son rêve de rencontrer le champion de France de la montagne en 1980 sur une redoutable Ford Escort MK 2 Zakspeed. L’occasion pour nous de mieux faire connaissance avec ce mordu de la côte qui déploie une énergie folle à entretenir la mémoire de cette discipline dite des seigneurs.
D’où te vient cette passion pour la course de côte ?
Il faut dire que contrairement à d’autres, je n’avais pas d’antécédents familiaux. Personne dans ma famille ne pilotait. Mais à l’âge de 3 ou 4 ans, j’ai accompagné mon père en spectateur pour assister aux courses de côte de Chanaz et Chamrousse. J’ai été de suite fasciné avec mon regard d’enfant par ces funambules qui roulaient à vive allure entre les arbres. Plus tard je devenais mécanicien de course, ce qui m’a permis d’être proche du milieu de la côte. Après des épreuves régionales, j’accompagnais des structures au championnat de France mais aussi sur des épreuves du championnat d’Europe. En 2021, je franchissais un autre cap, et pas des moindres, en prenant part à ma première course en tant que pilote. Après avoir fait mes armes sur une Norma CN puis en BRC CM, je poursuivais l’aventure en Formule Renault à partir de 2023.
Peux-tu nous parler de ton association ?
Elle a vraiment pris forme courant 2024, je souhaitais qu’elle porte le nom et l’identité visuelle des Rois de la Montagne qui fait référence au remarquable livre de Claude Maillard et Fernand Faivre. Après avoir obtenu l’aval des auteurs, je pouvais donner naissance à l’association, point de départ d’un projet qui me tenait à cœur depuis des années. Son but est d’entretenir la mémoire de la discipline à travers de nombreux objets, photos et miniatures. De nouveaux statuts sont en cours d’élaboration afin de faire monter en puissance le rayonnement de cette association. Nous sommes également à la recherche de fonds nous permettant d’accéder à un local de 150 m2 pour mettre en valeur notre collection.
Quel a été le point de départ de ce projet ?
Tout a commencé à partir d’une collection de miniatures, bien que la côte soit rarement mise en avant par les réducteurs. Un ami maquettiste a commencé à me réaliser des pièces uniques ; au fil du temps j’ai accumulé plus de 300 voitures au 1/18ème retraçant les plus belles années de la côte qui pour moi se situent entre 1975 et 1990. Puis rapidement m’est venue l’idée de prendre contact avec les grands noms de la discipline pour faire dédicacer leurs voitures en modèle réduit. De nombreux pilotes ont été touchés par cette démarche comme Marcel Tarrès ou Jean-Louis Reboul pour ne citer qu’eux. Les pilotes se sont alors mis à m’offrir quelques reliques (casques, gants, morceau de carrosserie, archives, ...), d’autres ont même contribué financièrement à l’association. Dès lors, l’idée d’en faire un musée devenait une évidence. Pour ce projet j’ai reçu le soutien de Jean-Paul Calmus malheureusement disparu brutalement au début de ce mois. Ce dernier m’avait offert de nombreuses photos et documents tout en me faisant profiter de ses relations. Pour que notre collection soit complète, il nous faut faire encore près 300 à 400 miniatures, le but étant d’avoir toutes les voitures ayant marqué l’histoire de la discipline. Certains châssis étant uniques, nous devons avoir recours à la modélisation en 3D, ce qui demande beaucoup de travail et forcément aussi beaucoup d’argent.
Raconte-nous ta rencontre avec Jean-Christian Duby.
A 77 ans c’est un homme bien occupé par la gestion de ses activités, mais par l’intermédiaire de son neveu Jean-François Duby, nous avons enfin pu organiser une rencontre. J’étais encore très jeune quand je l’ai vu rouler, il était sur ses dernières années dans la discipline mais m’avait fasciné avec son incroyable attaque au volant d’une Ford Sierra RS 500 Eggenberger qui lui avait permis d’obtenir son titre de champion de France Groupe A en 1992. Derrière l’homme discret et peu bavard au premier abord, Jean- Christian fut dans un premier temps surpris de découvrir toutes les miniatures de ses voitures ainsi que les très belles photos encadrées retraçant diverses périodes de sa carrière. Après quelques minutes, ce pilote que je considère comme faisant partie des plus grands se replongeait peu à peu avec nous dans ses souvenirs et nous gratifiait de nombreuses anecdotes. Je n’ai pas vu ces deux heures d’entretien passer, qui se concluaient par une séance de dédicaces un peu spéciale. En effet Jean-Christian a tenu à personnaliser chaque signature en fonction de la photo ou la miniature que je lui présentais J’étais aux anges et savourais chaque instant. Nous nous sommes déjà donné rendez-vous pour une autre rencontre.
Tu as déjà pu rencontrer de nombreux seigneurs de la côte, mais qui manque à ton palmarès ?
Hélas, il y a déjà tous ceux disparus comme Nani Nerguti, Christian Debias ou Marc Regal. J’ai cependant un lien très étroit avec la famille Regal, Lionel (décédé à la course de côte de Saint-Ursanne en 2010) me manque et je sais qu’il aurait été enthousiasmé par notre projet de musée. C’était un ardent défenseur de la course de côte, surtout de son âge d’or. Un âge d’or qui allait de pair avec un état d’esprit que représentait bien des pilotes comme Roger Damaisin. Heureusement beaucoup sont encore là et j’œuvre chaque jour pour organiser des rencontres avec Anne Baverey, Jacques Alméras en encore Gérard Dillmann.
-> Les suivre sur Facebook
Article : Ingrid BARREAU
Photos de la rencontre : Jean-François DUBY
Photo portrait de Jean Duby : Claude Maillard
Photos Ford Escort en travers et 205 T.16 : Daniel Escoffier