Le 5e Rallye Saumur Légende : Very good trip !
La dernière manche de la saison, finale à gros coefficient du Trophée René JOUAN 2014, a été le théâtre d’une empoignade musclée entre spécialistes de la régularité et de la navigation. Technique, variée et truffée de pièges, elle a enchanté les participants. Tout cela en maintenant un suspense haletant jusqu’au dernier kilomètre.
Les bulletins météo sont formels, en cette matinée de samedi 29 novembre : il fera clair et doux sur la région saumuroise. Les 49 équipages admis au départ de cette 5ème édition du Rallye Saumur Légende ne s’y trompent pas : sourire et décontraction sont de rigueur, place de la mairie, avant le traditionnel briefing d’avant-course. Henri-Emile JACONELLI, « serial traceur » de l’épreuve, égrène les conseils et les mises en garde. Il sait bien, lui, que la rigueur et la concentration seront les conditions sine qua non pour briguer la victoire.
Vainqueurs l’an passé, Jérôme et Céline VADE, sur leur atypique Mazda RX7, ont la lourde responsabilité d’ouvrir le bal : ils sont les premiers à s’élancer sur les quelque 420 kilomètres du parcours, dont près de la moitié sera soumise au verdict du chrono. Juste derrière eux, les leaders du Trophée René JOUAN, Antoine et Aurélie CHARRIERE (Volvo 123 GT), sont dans leurs petits souliers car la menace de leurs challengers est palpable.
Philippe et Pascale QUIBOEUF, avec leur Porsche 911, comptent sur leur expérience des phases finales pour leur souffler le titre – ils l’ont remporté quatre fois. Quant à Daniel PROUST et Christian LANSON (Alpine A110), en confiance depuis leur victoire au Fleur de Sel Classic Rally, en septembre dernier, ils espèrent bien mettre tout le monde d’accord… loin derrière eux.
Ce n’est pourtant aucune de ces trois voitures qui pointe en tête après la première série de ZR de l’après-midi. Ce sont Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER, autres Alpinistes et tenants du titre, qui passent au plus près des temps idéaux. Il est vrai que ce début de rallye ne regorge pas de difficultés de navigation, et que pour une fois les équipements électroniques embarqués sont restés plutôt obéissants. Seules Marie KERMORVAN et Grégoire PHILIP, sur leur petite Mini Cooper, se sont laissé surprendre. Valérie ROTROU-BOSSART et Sabine GUILLIEN, qui occupent les baquets d’une splendide Peugeot 205 T16, ont aussi laissé quelques plumes dans la bagarre, mais la course est encore longue !
D’ailleurs, la deuxième boucle est là, et elle laisse quelques traces. Au sortir de la ZR4, une subtilité du roadbook partage la caravane en deux catégories : ceux qui ont pris le bon chemin et qui ont trouvé un CP, et les autres, qui l’ont raté. En jeu, la bagatelle de 150 points de pénalité. A cet instant, ce sont les CHARRIERE qui tirent leur épingle du jeu, suivis de près par les « locaux » Christophe et Joanny HERVE (Jensen Interceptor). On déplore aussi le retard pris par Dominique et Martine PERRIAT (Volvo 122S) : vainqueurs ici en 2012, ils manquent visiblement d’entraînement…
Après une petite pause devant la mairie, deux nouvelles ZR s’annoncent. La nuit tombe, on enlève les caches des longue-portée, les lampes frontales s’invitent dans les habitacles. Pas de grosses difficultés mais de petites routes qui serpentent dans la campagne, des virages aveugles et des moyennes multiples. Statu-quo en tête de la course, mais à nouveau un prétendant aux places d’honneur qui lâche prise : avec, par deux fois, 300 points de pénalité dans l’escarcelle, les Saumurois Luc BIOTTEAU et Gérard GUICHARD (Renault 8 Gordini) ne seront pas prophètes en leur pays. Par ailleurs, la fatigue commence à marquer les organismes. Dans la ZR7, Jérôme et Céline VADE, en embuscade depuis le départ, lâchent 79 points. Et dans la suivante, c’est la Volvo des leaders qui plonge au classement : mauvaise interprétation d’une note, 5 minutes perdues et un gros coup de massue derrière la tête pour Antoine et Aurélie CHARRIERE, qui voient s’éloigner leurs chances de décrocher le titre…
Le repas bien mérité délie les langues, on compare ses sentiments, on partage ses déboires. Christian ISNARD et David RICHOU (Alpine A310) ou encore Teddy BLANCHARD et Dominique BIDAULT (Opel GT 1900), peuvent aussi nourrir quelques regrets. Mais les premiers sont heureux de ne pas avoir percuté de sanglier, les seconds de n’avoir pas connu de panne. Les années se suivent et, fort heureusement, ne se ressemblent pas.
A 22h30, tout le monde est sur le pied de guerre pour attaquer un joli morceau de bravoure dans les profondeurs de la nuit. Les bras souffrent, les pneus patinent, la lumière manque, et ça déboule fort sur 80 kilomètres. Malheureusement pour eux, Jérôme et Céline VADE se loupent et abandonnent définitivement leurs espoirs de podium, tandis que Damien et Alain CHAPOTOT (Simca CG) accumulent eux aussi les boulettes. Ce n’était décidément pas leur journée : juste avant le départ, leur Opel Kadett GTE, tout juste sortie de restauration, avait refusé de démarrer…
Retour à Saumur au-delà de minuit. Les héros sont fatigués, les mécaniques aussi. Une courte nuit et un solide petit déjeuner seront nécessaires pour se présenter au départ, dimanche matin. Henri-Emile JACONELLI arbore un sourire qui en dit long sur ses attentes : « On va sûrement en perdre quelques-uns… ».
Et il a raison de rappeler que tout est possible, dans un sens comme dans l’autre. Après le gymkhana de démonstration sur la piste de l’aérodrome de Saumur, personne n’a encore le droit de frimer dans les frimas. La ZR11 est lancée, elle enchaîne les pif-paf sur des routes étroites qui montent et descendent à loisir. Le bonheur est total pour les pilotes, la tâche plus ardue pour les navigateurs. Hélas ! Tout leur travail sera réduit à néant car un souci de chronométrage conduira à annuler la spéciale. C’est en apprenant la nouvelle, au départ de la suivante (la toute dernière du rallye) que Philippe et Pascale QUIBOEUF font une bourde invraisemblable. Déconcentrés, ils oublient de déclencher leurs instruments et roulent comme s’ils étaient sur un parcours de liaison ! Certes, ils s’aperçoivent vite de leur méprise mais il leur faut terminer « au feeling »… Qu’importe, c’est surtout une belle partie de jardinage qui les attend, dans ce concentré de difficultés et de pièges disséminés un peu partout. Les Baulois y laissent de précieuses secondes, trop, beaucoup trop… tout comme la grande majorité des voitures. Seuls 8 équipages parviennent à interpréter correctement les indications du roadbook, évitant la pénalité maximale de 300 points ! Et parmi eux, l’on voit ressurgir la Volvo 123 GT d’Antoine et Aurélie CHARRIERE…
Pour les Tourangeaux, la surprise est totale. Avec « seulement » 117 points de passif dans cette ultime ZR, ils remportent sur le fil une victoire qu’ils croyaient perdue. Philippe et Pascale QUIBOEUF prennent tout de même la place de dauphin, ils précèdent l’Alpine de Daniel PROUST et Christian LANSON. Christophe et Joanny HERVE échouent au pied du podium tandis que Régis GARNIER et Jacques TAVERNIER complètent le top 5. Une hiérarchie qui reflète bien la physionomie de toute la saison 2014 puisque ces équipages se suivent, exactement dans le même ordre, au classement final du Trophée René JOUAN.
En catégorie Navigation, c’est Gérard MOUNIER et Marie-Claude JOLY (Alpine GTA) qui s’imposent. Stephen BODEN et Jonathan FLOOD, un sympathique équipage Irlandais sur une rare Reliant Scimitar GTE, fait de même dans la catégorie « sans épreuve de nuit ».
Texte : CART HISTORIQUE
photos : Francis GUILBOT (http://www.francis-images-passion.com)
photo1 : les vainqueurs la Volvo 123 GT d’Antoine et Aurélie CHARRIERE aux couleurs de Newsclassicracing !!!!
NDLR : Merci à eux d’avoir porté nos couleurs tout au long de la saison et de les avoir emmenées sur la plus haute marche du trophée, nous en sommes très honorés !!
Portfolio
Documents joints
Les classements 2014 (PDF - 30.8 kio)