Vu de l’intérieur : F3 Classic. Sébatien Clouzeau : « Je reviendrai… ! »
Faisant l’impasse sur le Vigeant, le « meeting » de Spa-francorchamps constituait le début de ma saison 2010 en F3 Classic. Un rendez-vous que je n’aurais voulu manqué pour rien au monde ! Ayant débuté dans la discipline en 2009, je n’avais jamais roulé à Spa. Je partais donc à l’aventure (ou presque) sur ce mythique tracé, que beaucoup d’entre nous, passionnés de sport automobile, considèrent comme le plus beau circuit au monde.
Arrivé sur place dès le jeudi soir dans les Ardennes, je commençais à mesurer l’ampleur de la tâche qui m’attendait : le raidillon, Stavelot, Blanchimont…Comment tirer mon épingle du jeu, moi le quasi-débutant ? J’allais très vite être fixé le lendemain.
L’unique séance d’essai libre prévue dès le vendredi en début de matinée allait être riche d’informations. Après plusieurs mois d’inactivité, je retrouvais rapidement de bonnes sensations au volant de la Ralt RT3. Autre point, et pas des moindres, je me familiarisais plus rapidement que je ne l’espérais avec le circuit et ses difficultés malgré un important trafic (l’organisation a fait partir en même temps les formule junior, F2 et F3). Comme quoi, le travail à la maison peut s’avérer payant ! En revanche, au bout de quelques tours, un concurrent en Formule 2 est parti à la faute à la sortie du raidillon, détruisant son auto ; drapeau rouge et fin de la séance. Tant pis…Mais les choses se présentaient bien pour les essais officiels qui se dérouleraient dans l’après-midi.
Il fait beau et chaud pour les essais chrono. Il paraît que ce n’est pas toujours comme cela par ici…Ah bon ? Nous voilà partis pour une série de 12 tours avec comme objectif de continuer l’apprentissage du circuit. Pas question de s’arrêter pour les pressions de pneumatiques. Il faut engranger de l’expérience. Sur les conseils de Vincent Savoye, je pars calmement, juste derrière Francis Dougnac sur sa Ralt RT1 jaune. C’est un des très bon pilotes du trophée (et de plus très sympa). Si j’arrive à le suivre c’est une bonne place en grille d’assurée me disais-je. Aussi, sur les premiers tours, je m’efforce de garder le contact et j’y parviens. Je suis satisfait et rapidement nous faisons la jonction avec les plus lents. Francis part. Je ne le reverrai plus. Je dois continuer seul et garder le rythme. Ennuyé par des soucis de sous virage en milieu de séance, je parvenais à me re-concentrer sur mon pilotage et à finir la séance sans problème. Je signe le 15ème temps en 2’39. Ce n’est pas si mal pour une première à Spa. Je partirai juste derrière mon camarade d’écurie Pierre Lemasson sur la grille de départ.
Samedi, la météo est encore avec nous. Il fait beau et chaud. Le départ est prévu à 13h00. Très tôt je me change et je prépare mes affaires. C’est un moment que j’apprécie et je prends mon temps. C’est l’occasion de se concentrer un peu, de réfléchir, de penser à sa course. Ensuite, je fais le tour de la voiture, discute avec Vincent, le patron de l’écurie LSRacing. Puis vient l’instant où il faut monter dans les voitures et se rendre à la procédure de départ située à l’eau rouge : la pression monte !
Après quelques minutes d’attente, les commissaires nous intiment l’ordre de partir de partir pour le tour de chauffe. Viendra ensuite le tour de mise en grille pour une procédure de départ arrêté.
Je pense à bien chauffer les pneus et les freins. J’en profite également pour revoir quelques trajectoires et très vite je me retrouve placé sur la grille. Je décide de partir prudemment, d’autant plus que je n’ai jamais effectué de départ de ce type auparavant. J’enclenche la première, avance de quelques centimètres, les feux rouges s’allument les uns après les autres, le moteur monte en régime... Les feux s’éteignent. Je relâche l’embrayage et c’est parti pour 30 minutes de course. Au premier freinage, situé à l’épingle de la source, je perds quelques places. Ce n’est pas important. Je ne tiens pas à m’arrêter au premier tour par excès d’optimisme ! La course sera longue.
Très vite je cherche le bon rythme et je pense surtout à ne pas faire d’erreur. Je surveille également mes rétros. La descente vers l’eau rouge, le raidillon…Les virages s’enchaînent rapidement. Arrivé aux « S » de la combe, j’aperçois un nuage de fumée. C’est Fred Da Rocha qui tiré tout droit mais très vite les choses rentrent dans l’ordre et je me retrouve derrière lui. Pas pour longtemps. Le rythme s’installe et je sens que je suis dans le coup tandis que les tours s’enchaînent et le peloton s’étire. Les premières bagarres vont commencer. Il y en aura plusieurs au cours de cette manche. Je me souviens d’une Ralt RT3 noire, de Rémi Fraisse également avec sa Martini. Mais le plus coriace aura certainement été JC Monnet avec sa FR turbo. Je l’ai vu plusieurs tours accroché à ma boîte de vitesse. Heureusement, l’arrivée des retardataires va me permettre de prendre mes distances. Je constate qu’il y a beaucoup d’abandons ici et là. J’aperçois désormais, devant moi, pas très loin la Dallara bleu de Gilles Andouard…Mes prochaines cibles ? Je garde mon calme et je reste concentré. La fin de la course n’est plus très loin. Mais pneus sont très chauds et ne donnent plus le meilleur d’eux-mêmes. C’est peut-être pareil pour les autres, aussi je fais le choix d’une course d’attente. Cela va s’avérer payant. Pour le moment, je continue de rouler proprement à ma main. Tiens, j’aperçois Rémi Née à la chicane de l’arrêt de bus. Il s’est accroché ? Je remonte tranquillement quand vient ce qui allait être le dernier tour. Quelques beaux passages dans le mythique raidillon me permettent de gagner du temps. Je reste derrière Gilles sagement et la chicane « bus stop » il part à la faute. J’en profite et le drapeau à damiers nous est présenté quelques mètres plus loin. A cet instant, je ne connaît pas mon classement final, mais je sais que j’ai livré ma plus belle course depuis que j’ai commencé le trophée F3 Classic. Je ramène la voiture entière et je me suis amusé. En définitive, je suis 10ème . Je suis très content et l’objectif est atteint. De plus, j’ai le sentiment de progresser dans mon pilotage. C’est de bon augure pour demain…
Dimanche, le temps est toujours clément. Incroyable. Je suis détendu et j’espère faire une belle course. Le départ, donné dans le même ordre que la veille cette fois à 11h00 du matin. Tant mieux, il fera moins chaud. Comme à mon habitude, je me prépare un peu en avance, tranquillement et l’heure de la procédure de mise en grille approche. Comme hier, nous nous dirigeons vers l’eau rouge pour la pré-grille. Quelques minutes d’attente et nous partons. Je chauffe bien la voiture, c’est important puis viens la procédure de départ. Je me concentre. Les feux s’éteignent, c’est parti. Je suis juste derrière Pierre Lemasson et sa belle Chevron. Je vois un trou à côté de lui. Aussitôt je me décale tandis qu’arrive l’épingle de la source. Il y a des voitures partout en ordre dispersé. Je freine pour aborder mon virage quand soudain un concurrent me percute brutalement à l’arrière. Quasiment en même temps, une autre voiture me percute la roue avant gauche. Je fulmine sous le casque et je pose mille question. Pourquoi ? J’ai le sentiment que la voiture est abîmée et que la course est finie. Malgré tout, je passe la source et je continue. Très vite je m’aperçois que la direction est sérieusement faussée mais la voiture ne vibre pas et ne tire pas au freinage. Je décide de continuer pour voir. Ça allait se révéler une très mauvaise décision.
Tandis que je franchis le raidillon, je suis régulièrement dépassé par d’autres concurrents. Je mets cela sur le compte de la déconcentration. Mais je remarque également que le comportement de la voiture se dégrade rapidement. Je finis le premier tour. C’est de pire en pire. Dans le premier virage de Stavelot, un virage rapide qui se négocie en 3, je sous-vire tellement que je finis mon virage derrière le vibreur, sur le gazon. Je ne peux plus rien faire. La voiture m’échappe et je finis dans les graviers. Les pneus arrêteront ma course. C’est l’abandon. Un mot que je n’apprécie pas. Pouvait-il en être autrement ? Je regrette d’avoir poursuivi et j’aurais dû m’arrêter tout de suite. La voiture est endommagée et je suis très déçu.
J’allais suivre la fin de la course en compagnie des commissaires de piste du poste 19 je crois avant de revenir avec la dépanneuse. Ce n’est jamais agréable.
Je garderai quand même un bon souvenir de Spa. Un très beau circuit, comme je l’imaginais. La voiture marchait très. J’en profite d’ailleurs pour remercier Vincent et l’ensemble du team LSRacing. Je reviendrai, c’est sûr !
Vivement Monza dans 2 semaines.
Texte : Sébastien Clouzeau - Photos : Photoclassicracing