Rallye Maroc Historique : "En 2013, nous irons plus au Sud"
Chef d’orchestre du Rallye du Maroc Historique, Yves Loubet dresse le bilan de
la troisième édition qui vient de s’achever et se projette déjà en 2013...
Yves, quel bilan tirez-vous de cette troisième édition du Rallye du Maroc Historique ?
Que ce n’est que la troisième édition
justement. C’est rien du tout ! Et pourtant
je trouve que le rallye est parvenu à une
maturité tout à fait intéressante même si
nous sommes parfaitement conscient que
l’on peut améliorer beaucoup de choses
encore. On doit évidemment cela aux
concurrents qui nous font confiance. Ce
sont eux eux qui propagent l’image du
rallye. C’est notre meilleure promotion :
une vingtaine de concurrents la première
année, une quarantaine la seconde ,
soixante-cinq cette année... Cela devient
une véritable épreuve. Mais avant toute
chose, je tenais à remercier et à féliciter
les équipes de commissaires. Celle de
Paul Lacombe, de Jean-François
Wulverick composée de commissaires
marocains formés depuis la première
édition, celle de Pierre Doussan, de
Gérard Chartogne, de Jean-Pierre
Labeaunne. Ils ont continué leur tâche, ils
ont été fidèles à leur poste,malgré le
terrible drame qui a touché cette famille
avec l’accident de Alain Beltrando. Je
souhaiterais qu’à l’avenir, un trophée
récompense leur tâche ingrate et, si la
famille est d’accord, il pourrait porter le
nom de Alain Beltrando. En souvenir.
Merci à eux, du fond du coeur.
On a également l’impression que les autorités s’impliquent beaucoup plus ?
C’est un fait. Je vous ai parlé d’Agadir qui
nous a réservé un accueil admirable mais
partout, nous avons trouvé le soutien des
autorités, des responsables locaux, des
ministères de l’artisanat, des sports, du
tourisme, de la gendarmerie, etc... Outre Agadir, des villes comme Taroudant,
Marrakech, Ouarzazate, Bin El Ouidane,
Ifrane, la province de Settat pour le lac Al
Massira, toutes les villes étapes ou de
regroupement se sont véritablement
impliquées. Le regroupement de Ferme
Rouge était formidable, aussi. Et peu
avant le début de l’épreuve, nous avons
reçu la plus belle des récompenses : le
haut patronage de Sa Majesté le Roi
Mohammed VI. C’est une
reconnaissance formidable de notre
travail et cela va nous aider plus encore
pour développer l’épreuve. Elle devient
un évènement national majeur.
Des
grands groupes marocains comme nos
partenaires l’OCP, Afriquia, CFAO avec
M.Zniber, ou encore les ministères de
l’artisanat et du tourisme nous épaulent
désormais et nous apportent toute la
puissance qui nous manquait. Nous en
sommes très fiers et tous les marocains,
plus particulièrement le Club du Grand
Maghreb ou notre coordinatrice Chaymaa
Hrisse, par exemple, tous ceux qui de
près ou de loin s’impliquent, peuvent en
être fiers. C’est leur épreuve, avant tout...
Et que dire de la course elle-même, justement ?
Qu’il s’agissait justement d’une vraie
course. Chaque position a été
farouchement disputée, à n’importe
quelle hauteur du classement. Devant
comme derrière. Je suis toujours surpris
des faibles écarts enregistrés. C’est la
preuve que la réglementation reste
équitable. Sur le bord des pistes, cela va
de plus en plus vite, c’est un fait.
La
preuve, cet incroyable final entre Munster
et Chantriaux. L’ambiance a été
excellente qui plus est, tout au long du
rallye. Les marocains avaient le sourire
aux lèvres, les enfants acclamaient les
voitures, les écoles fêtaient leurs
passages. Et quand les concurrents feront
le bilan des décors offerts, ils auront sans
doute mal aux yeux...Formidable !
Comment jugez-vous l’évolution du plateau ?
Avec le nombre grandissant d’équipages
au départ, le plateau est de plus en plus
varié. Surtout, la qualité des préparations
est grandissante. Bravo à tous pour ce
travail. C’est amusant de voir que ce
n’était pas forcément les têtes de série
qui avaient la plus grosse cote. La petite
R12 Gordini de Lajournade, les DS de
Julien et Wambergue, les Peugeot 504, la
petite Alpine A110 de Brianti étaient
particulièrement applaudies .
Et à l’avenir, avez-vous une idée de l’évolution de ce plateau ?
Il gagne en qualité, de plus en plus.
Même les voitures VHC sont préparées
de fort belle façon, avec le soucis du
détail, de la fiabilité. Pour les VHRS, les
protos, à la réglementation plus libérale
au niveau des suspensions, des arceaux
qui peuvent être totalement intégrés, des
boîtes de vitesses à partir du moment
que les carters initiaux soient conservés,
il suffit de détailler certaines Porsche, les
nouvelles Peugeot 504 Coupé de Vaison
Sport, les 505 Turbo de Streit, la Mazda
RX7 Groupe B ex-usine de Philippe
Gache pour prendre conscience de la
qualité du travail effectué et du niveau de
compétitivité. Philippe a montré l’exemple
et à l’avenir, je sais que d’autres voitures,
toutes mythiques, vont venir allonger la
liste des engagés. Michel Crespel,
présent cette année avec sa R5 Turbo, a
mis deux R17 Gordini en chantier, les
mêmes que pilotaient Jean-Luc Thérier
ou Jean-François Piot, à l’époque. Il y a
des Lancia Stratos qui se préparent, des
Fiat 131 Abarth, des Datsun 240 Z ou
encore la Nissan 240 RS que reconstruit
Grégoire De Mevius... Si tout ce petit
monde répond présent, on va vivre des
moments de plus en plus extraordinaires.
Je pense que le rallye va devenir encore
plus international.
Et coté parcours, vous allez évoluer ?
Très certainement. Nous avons l’intention
de toujours apporter des nouveaux
décors, des terrains plus variés. Je
souhaite que chaque épreuve
chronométrée possède sa propre identité
forte.
Nous repartirons d’Agadir, c’est
certain et nous achèverons encore
l’épreuve à Marrakech. C’est une
métropole internationale, avec son
aéroport important qui facilite le retour de
chacun. Et puis, Marrakech est un lieu de
fête traditionnel désormais avec la remise
des prix fantastique que nous concocte
Pili De Lafontaine. Cette année, il y a eu
un moment d’émotion particulier lorsque
nous lui avons remis les clés d’une petite
Opel Kadett Rallye, la première voiture
avec laquelle il a participé au Rallye du
Maroc, à l’époque. Avec Harite Gabarit,
un spécialiste des pistes sud marocaines,
nous allons nous remettre au travail et
prospecter le sud du pays. Les décors,
les couleurs y sont extraordinaires. Nous
allons chercher de nouvelles pistes,
roulantes mais sélectives.
La première
étape pourrait être Agadir-Tafraoute. Puis
ensuite Taroudant, Ouarzazate, Bin El
Ouidane, Ifrane, le Khatouat, peut être un
retour sur le bord du lac Al Massira mais
en y organisant cette-fois une ou deux
épreuves chronométrées car les décors y
sont vraiment magiques. Laissez moi un
peu de temps et je reviendrais vers vous
avec plus de précisions.
Un dernier mot ?
Oh oui, choukran à tous ! Mille choukran
aux pilotes, aux mécanos, aux
commissaires, aux responsables locaux,
à la gendarmerie et à nos partenaires...
Le point sur :
Les reclassements
« Certains reclassement, en
Super Rallye, de concurrents
ayant rencontré des
problèmes a fait grincer des
dents, j’en suis conscient. Le
problème est difficile car nous
sommes confrontés à une
réglementation fédérale qui
dicte ses règles, notamment
sur un plan sécuritaire.
Donner 2 mn à tous au départ
des épreuves chronométrées
est impossible. Par contre, la
solution est peut être d’établir
un classement général hors
pénalités et de les réintégrer
en fin d’épreuve seulement.
La solution est peut être là.
Nous allons y réfléchir
sérieusement. »
Les chronos ?
« Sur ce point, nous avons failli,
c’est clair. Les concurrents
n’étaient pas ou trop peu
informés des résultats des
épreuves. L’information ne
circulait pas et l’on ne peut
évidemment pas demander aux
équipages d’aller sur internet
pour voir leurs performances. En
course, ils ont autres choses à
penser ou à gérer.
L’an prochain,
il y aura une personne dédiée à
cette tâche. »
Insister sur les époques
« Il est difficile d’établir le
classement d’un tel rallye historique
comparant les performances d’une
Mazda RX7 groupe B reconstruite
avec des technologies modernes,
à celle d’une DS 21 de 1969 restée
presque en l’état, même si je pense
que certaines voitures
authentiques, on va dire, sont aussi
performantes que les protos. A
l’avenir on va s’attacher à mettre
plus en évidence les époques des
voitures. »
Contact :
Maroc Historique
11000 SALE
Tél : 00212 537877475
Contacter par E-Mail
www.rallyedumaroc-historique.com
Texte : JBCOM 92 /ALAIN BERNARDET
photos : Fred Chambert, Cathy Dubuisson, F.Haase