Dix Mille Tours 2023 - Hommage à la F1
C’est le grand rendez-vous des courses automobiles classiques de la rentrée. Les Dix Mille Tours se sont tenus du 01 au 03 septembre sur le superbe tracé du circuit Paul Ricard. Cette épreuve organisée par Peter Auto depuis 2010 rassemble un large panel de véhicules de course répartis dans 9 plateaux. Cette année, une exposition était consacrée aux F1 qui ont marqué l’histoire de la discipline dans les années 70 et 80. Nous vous invitons à découvrir l’histoire des huit modèles exposés dont certains ont même pu prendre la piste pour des tours de démonstration pour le plus grand plaisir des spectateurs venus en nombre.
Honneur à la plus ancienne avec la Tyrrell 002 de 1971 pilotée par François Cevert (en course) et par Sir Jackie Stewart (en essais). Motorisée par le V8 Ford DFV, cette monoplace a permis au pilote français de s’imposer à Watkins Glen lors du Grand-Prix des Etats-Unis, ce même circuit où il perdra malheureusement la vie 2 ans plus tard. A ses côtés, nous retrouvions la Tyrrell 006 de 1973. Ce châssis avait en réalité fait ses débuts pour les deux dernières courses de la saison 1972 piloté par François Cevert qui l’amena à la deuxième place à Watkins Glen. Pour la saison 1973, François Cevert et Sir Jackie Stewart se partagèrent son volant mais c’est le Britannique qui lui offrait sa première victoire à Kyalami en Afrique du Sud.
C’est un autre artisan en devenir qui nous amène à découvrir la monoplace suivante : Frank Williams, après avoir fait l’impasse sur la saison 74, revient en 1975 avec la FW04. Ce châssis unique a été piloté par Arturo Merzario, Ian Scheckter et un jeune espoir français du nom de Jacques Laffite. Ce dernier va glaner ses premiers points et son premier podium lors du Grand-Prix d’Allemagne disputé alors sur la terrible boucle nord du Nürburgring. Le pilote français réalise l’exploit de finir deuxième au volant de sa modeste Williams derrière Carlos Reutemann sur Brabham Ford et devant le futur champion du Monde Niki Lauda sur Ferrari 312B3. Ce jour-là, seuls 9 monoplaces sur les 26 au départ parvenaient à finir la course.
C’est justement une Ferrari de cette saison que nous découvrons non loin de là : la Ferrari 312T 1975 et son envoûtant moteur 12 cylindres à plat. Grâce à elle, le Suisse Clay Regazzoni s’imposait dans le temple de la vitesse à Monza pour le plus grand bonheur des tifosi de la Scuderia. C’est la même Ferrari 312T qui commencera la légendaire saison 76 avec sa prise d’air en cheminée avant que la réglementation ne les interdise et conduise la Scuderia à lancer la 312T2.
Cette même année, l’une des plus étranges monoplaces de la Formule Un faisait son apparition : la Tyrrell P34 avec ses 6 roues. Le concept ne perdurera que deux saisons et le bilan fut plutôt mitigé avec seulement 1 victoire (Suède 1976) et quelques podiums. Nous sommes ici en présence du châssis P34/6 utilisé en 1977 par Patrick Depailler et Ronnie Peterson. Cette version ‘B’ reprend des éléments de carrosserie de la version de 1976. Avec cette étonnante monoplace, Peterson disputa 6 courses (5ème sur l’Österreichring, 6ème à Monza et 16ème à Watkins Glen). En 1979, Wilson Fittipaldi - le frère cadet du double champion du Monde Emerson Fittipaldi et fondateur de l’écurie Copersucar - introduisait la F6A/1 pour les six derniers grand-prix de la saison. Motorisée par un V8 Ford, cette modeste monoplace dut faire face à ses débuts à des problèmes électriques récurrents. La F6A/1 ne put faire mieux qu’une 7ème place à Watkins Glen et deux 8ème places en Italie et au Canada grâce au talent de son pilote.
La monoplace suivante à l’honneur est française : il s’agit de la Ligier JS 11/15 de 1980 motorisée par un V8 Ford Cosworth de 475 ch. et dessinée par Gérard Ducarouge. Grâce à son duo de pilotes Jacques Lafitte / Didier Pironi, l’écurie décrocha cette année-là son meilleur résultat en championnat du monde avec la 2ème place au classement constructeur. L’exemplaire présenté est le châssis 04 aligné par Didier Pironi à Zolder. Le Français allait s’imposer devant les deux Williams FW07B pourtant intouchables cette saison-là. Pironi devança le futur champion du Monde Alan Jones et Carlos Reutemann.
Finissons ce voyage à travers le temps avec l’Ensign N180 MN 15 B de 1981. La modeste écurie britannique peinait alors depuis plusieurs saisons à obtenir des résultats. Ce fut grâce à ce châssis que le Suisse Marc Surer ramena 4 des 5 points de l’écurie (l’autre point ayant été conquis par Eliseo Salazar à Zandvoort). Marc Surer allait chercher les premiers points au Brésil et le dernier à Monaco. Ce châssis fut ensuite aligné à partir de 1982 sur quatre courses du British F1 Championship et piloté par Jim Crowford qui décrocha 3 victoires (Brands Hatch, Thruxton et Donington Park). Par la suite, la monoplace pris la direction de l’Amérique du Nord où elle fut alignée au Grand-prix de Trois-Rivières et au Can-Am Challange Race toujours pilotée par Jim Crowford. Pour la petite histoire, ce dernier avait disputé 2 grand-prix de F1 en 1975 avec la Lotus 72F du John Player Team Lotus (Silverstone et Monza) sans succès.
Article : Jean-François DUBY
photos en piste : Jean-Marie Biadatti (www.photoclassicracing.com)
photos - Studio : Jean-Marie Biadatti - Bernard Canonne - www.jmbbc.fr
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