Spa Six Hours 2021 : Que la musique était bonne !
The Sound of History ! Trois jours durant, les fans de bolides du temps d’avant ont pu profiter d’une partition absolument fabuleuse sur le plus beau circuit du monde.
C’est avec enthousiasme que le public a repris possession de Spa-Francorchamps, d’autant que samedi, la météo est restée plus que clémente, avant de prendre une allure nettement plus automnale ce dimanche. Pas de quoi décourager ceux et celles qui ont rongé leur frein des mois durant, et qui ont apprécié un grand et beau spectacle…
Avec pas moins de douze Ford GT40 aux douze premières places sur la grille de départ, on pouvait s’attendre à une lutte de tous les instants samedi entre 15h55 et 21h55 pour l’épreuve phare des Spa Six Hours Endurance. Et on n’a pas été déçu ! Si Frank Stippler, au volant de la #30 partie depuis la pole position, rencontrait d’emblée des soucis en partant à la faute, Eric van de Poele faisait la course en tête une bonne partie du temps. La #98 rentrait ensuite dans les rangs, laissant la vedette aux meilleurs pilotes britanniques. Et c’est la #21 d’Oliver Bryant et James Cottingham qui signait la 15ème victoire d’une Ford GT40 aux Spa Six Hours !
Encore pointée en 2ème position à quelques minutes de l’arrivée, la #6 de Tony Wood sortait de la piste en toute fin de parcours, de quoi laisser la #7 de Davies-Newall-Jordan et la #9 de Meins-Lillingston Price compléter le podium final. Remarquable 6ème place pour la première non GT40, la Shelby Cobra Gipimotor #60 de Christophe Van Riet et Fred Bouvy, lauréate de sa catégorie. La Ford Mustang de Van Laenschot-Milner-Greensall l’emportait dans la lutte entre les meilleures voitures de tourisme, tandis que des bolides comme l’Aston Martin DB4 GT DP214 et l’Elva GT160 ont allègrement animé les débats ! Bref, une course de toute beauté, qui a confirmé la mainmise de la marque à l’ovale bleu…
Les F1 en piste… même sous la drache !
Traditionnel moment show de Spa Six Hours, les deux joutes réservées aux F1 historiques des années ’70 et ’80 ont réservé pas mal de surprises. En Course 1, les premiers tours étaient marqués par un duel entre les Williams FW07C de Mike Cantillon et Christophe d’Ansembourg… toutes deux contraintes à l’abandon par la suite ! Jamie Constable n’en demandait pas tant pour imposer la Tyrrell 011 ex-Michele Alboreto devant Nick Padmore, sur la superbe Lotus 77 ex-Gunnar Nilson, et la Lotus 91 ex-Nigel Mansell de Steve Brooks.
Changement d’ambiance ce dimanche, avec une pluie omniprésente rendant la tâche des pilotes très ardue. Si Padmore dominait le début de course, il finissait par réintégrer la pitlane, laissant l’Irlandais Mike Cantillon, parti depuis le fond de la grille de départ, s’envoler vers la victoire. Absent la veille suite à des soucis de moteur sur la McLaren M23 ex-Jochen Mass, le jeune Autrichien Lukas Halusa s’offrait une somptueuse médaille d’argent devant Steve Brooks et Christophe d’Ansembourg.
C’est sans doute l’un des plus beaux plateaux qui était proposé par le Woodcote Trophy et le Stirling Moss Trophy réunis. Avec une épreuve dominée par la superbe Tojeiro Ecosse Jaguar du Britannique James Cottingham, qui n’a jamais quitté le haut du classement. L’Américain Michael Gans s’offrait la 2ème place sur la Lotus XV, tandis que l’exceptionnelle et profilée Lister Costin des Hollandais Hans Hugenholtz et Nicky Pastorelli complétaient le top 3. Dans le Woodcote Trophy, c’est la Cooper T38 de Fred Wakeman et Patrick Blakeney-Edwards qui faisait irruption, tandis que le Jaguar Classic Challenge tombait dans l’escarcelle de l’Allemande Rhea Sautter et du Britannique Andy Newall.
Echec aux T70 !
Disputée dimanche matin dans des conditions très difficiles, avec une forte pluie, l’épreuve des Masters Historic Sports Cars n’a pas tourné en faveur des Lola T70 favorites, les bolides de Hart-Hart et Bryant occupant le haut du classement avant de sombrer. De quoi ouvrir la voie à la Chevron B19 de Tom Bradshaw, passager de la pluie… qui finissait par souffrir de ratés moteur, laissant la victoire à Manfredo Rossi di Montelera, au volant de l’Abarth-Osella PA1 ! Michael Gans sur Lola T290 complétait le podium. Remarquable 8ème place finale pour Fred Bouvy au volant de la surpuissante Chevrolet Monza IMSA, surtout dans de telles conditions et avec de telles gommes…
Renvoyant aux origines du sport auto, les Pre-War Sports Cars mettent aux prises des voitures des années ’20 et ’30 ! Et c’est à un incroyable duel entre la Frazer Nash de Fred Wakeman et Patrick Blakeney-Edwards et la spectaculaire G.N. Parker de Justin et Ben Maeers qu’on a assisté, avec un écart de quelques tout petits dixièmes à l’issue des 40 minutes de course ! L’imposante Talbot AV105 Brooklands de Michael Birch et Gareth Burnett a complété le podium.
Un coup Cooper, un coup Lotus
Formidable spectacle que celui de l’Historic Grand Prix Cars Association, avec des voitures de Grand Prix des années ’50 et ’60, et une autoritaire victoire du poleman Will Nuthall (Cooper T53) en Course 1, tandis que Phil Keen (Lotus 18) s’offrait une improbable remontée depuis le fond de la grille de départ. Il prenait la 2ème place devant Rudi Friedrichs (Cooper T53). Du côté des moteurs avant, c’est la superbe Ferrari 246 Dino de Richard Wilson qui s’imposait au sprint devant la Maserati 250F de Steve Hart et l’impressionnante Scarab d’Eddie McGuire…
Sous les hallebardes dominicales, Phil Keen prenait une éclatante revanche en l’emportant devant Will Nuthall et Rudi Friedrichs. Les Maserati 250F prenaient cette fois le meilleur sur la Ferrari 246 Dino, Richard Wilson se fendant de quelques Track Limits chers en temps. C’est Steve Hart qui se voyait remettre la coupe du vainqueur.
Datant de la fin des années ’50 et du début des sixties, les Formula Junior ont une fois encore assuré leur part de spectacle, le poleman Alex Ames (Brabham BT6) l’emportant assez confortablement en Course 1 devant le réputé Italien Manfredo Rossi di Montelera (Lotus 22) et le Britannique Mark Shaw (Brabham BT6). Prestation remarquée de l’ex-Premier Ministre belge Guy Verhofstadt (Elva 100), 22ème. Rossi du Montelera prenait sa revanche ce dimanche sous la pluie, imposant sa Lotus devant les Brabham de Ames et Shaw.
Show devant en Tourisme
Du côté des voitures de tourisme de l’Historic Touring Car Challenge, la Course 1 a été marquée par la domination de la Ford Sierra Cosworth du duo Mensley-Ellis durant les premiers tours, avant que tout parte de travers juste après le passage par la pitlane, le bolide à l’ovale bleu achevant son parcours dans le bac à gravier de Stavelot ! Tout profit pour les impressionnantes Nissan Skyline GT-R qui signait le doublé, avec le duo Wood-Hill devant Garrad. Christophe Van Riet offrait un premier podium à sa ‘nouvelle’ BMW M3 E30 look Bigazzi.
Ce même Van Riet était moins chanceux dimanche, une fuite d’huile immobilisant la M3 #52. C’est Simon Garrad qui offrait une nouvelle victoire à la Nissan Skyline GT-R, tandis que la voiture sœur de Wood-Hill rendait l’âme en vue de l’arrivée. Mensley-Ellis prenaient dès lors la 2ème place devant la BMW 3.0 CSL de Lukas Halusa.
Les Ford Cortina Lotus ont été les reines des Masters Pre-66 Touring Cars, Richard Dutton et le duo Marcus Jewell/Ben Clucas devançant au bout des 61 minutes de course l’Alfa Romeo Gulia Sprint GTA de l’Allemand Alexander Furiani.
C’est déjà… hier !
De nature à intéresser un public plus jeune, les Masters Endurance Legends ont permis à des prototypes et GT des années ‘2000 d’également s’en donner à cœur joie. La Course 1 voyait ainsi la superbe Peugeot 908 du Britannique Shaun Lynn s’imposer devant la BR 01 de Maxwell Lynn, qui n’est autre que le fils de Shaun ! Jamie Constable, au volant d’une Pescarolo LMP1 à la livrée Gulf, complétait le top 3, tandis que Christophe d’Ansembourg jouait de malchance avec la très belle Lola Aston Martin, partant à la faute du côté des Combes. Victoire en GT pour l’Audi R8 LMS Ultra GT3 de Marcus Graf von Oeynhausen.
Ce dimanche, Shaun Lynn doublait la mise au volant de la Peugeot 908, au bout d’une course rendue très compliquée par les conditions météorologiques. Le Britannique devançait les deux BR 01 de Rui Aguas et Maxwell Lynn. Même constat pour Marcus Graf von Oeynhausen, de nouveau vainqueur aux commandes de l’Audi en GT.
Sorte de version ramassée des Spa Six Hours Endurance, les Gentlemen Drivers Pre-66 GT Cars consacraient l’AC Cobra Daytona Coupé du duo Alderslade-Jordan, tandis que Mowle-Keen positionnaient leur Jaguar E-Type au 2ème rang, devant la meilleure Lotus Elan, celle de Haddon.
Après une année d’interruption, Spa Six Hours a parfaitement réussi son retour au calendrier du Circuit de Spa-Francorchamps, saluant également la présence d’un public aussi nombreux que connaisseur. L’édition 2022 est d’ores et déjà sur les starting-blocks…
Organisation
Roadbook organisation
Alain DEFALLE & Vincent COLLARD
Texte : Vincent Franssen /
Photo Roadbook / Michael Trg